dimanche 30 août 2015

Thérèse d'Avila sur le silence pendant la prière

Partie II de II
SOURCE : Spiritual Direction

Connie Rossini

Connie Rossini dispense de l'aide à des familles entières afin qu'elles croissent en sainteté. Elle est l'auteur du livre « Avoir confiance en Dieu avec Sainte Thérèse » et du livre électronique « Cinq leçons des Saints Carmélites qui vont changer votre vie ». Elle et son mari ont quatre jeunes garçons.

Dans la partie I de cette série, j’ai parlé des façons que la Prière du coeur et le yoga suggèrent de s’asseoir silencieusement comme étant une forme de méditation ou de contemplation. Aujourd'hui, je veux me concentrer sur l'enseignement de Sainte Thérèse d'Avila sur silence lors la prière. A-t-elle enseigné la même chose que préconisent le Père Thomas Keating et d'autres défenseurs sur la Prière du cœur comme ils le maintiennent ?

Le silence est un aspect essentiel de la prière mentale. Mais les Saints du Carmel parlent d'un type différent de silence que celui proposé dans la Prière du coeur. Ils parlent aussi des moments précis dans notre prière où nous devrions cultiver le silence et les stades où nous devrions être silencieux.

Certains des écrits de Sainte Thérèse au sujet de la prière ne s’approchent pas de la Prière du coeur, il n’est donc pas étonnant que, parfois, les gens sont confus. Prenez ce passage, par exemple :

« Tout ce qu'on a besoin de faire est de se retirer dans la solitude, de regarder au-dedans de soi et de ne pas se détourner d’un si bon Hôte mais, avec une grande humilité, Lui parler comme à un père. Implorez-Le comme vous le feriez avec un père ; dites-Lui tout de vos épreuves ; demandez-Lui des remèdes contre vos épreuves en réalisant que vous n'êtes pas digne d'être Sa fille. » (Chemin de la Perfection 28, 2)

La Prière du coeur parle aussi de se retirer en soi-même, mais ne parvient pas à bien distinguer le soi de Dieu. Térèse voit toujours la Sainte Trinité qui habite dans le cœur des baptisés comme quelqu'un d'autre que nous-mêmes. Pour elle, la prière est toujours une conversation avec Dieu ( bien que cette conversation soit parfois est-delà des mots ). Elle nous conseille d'entrer dans la Présence de Dieu en mettant de côté les distractions. Elle nous enseigne à suivre les Paroles de Jésus :

«Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; »(Mt 6 : 6)

Chaque fois que possible, trouvons un lieu et un temps calme pour prier. Nous prenons un moment pour rassembler nos pensées, pour mettre toutes préoccupations de côté. Puis nous nous tournons immédiatement vers le Christ en nous adressant à Lui avec notre esprit et notre cœur. La Prière du cœur, au contraire, nous ferait mettre l'accent à vérifier à plusieurs reprises pour assurer que la porte est fermée et que nous sommes seuls, ne progressant ainsi jamais pour parler avec Jésus.

Jetons un coup d'oeil sur l'enseignement chrétien traditionnel à propos des stades de prière et comment ils se rapportent au silence.

La première étape de la prière chrétienne est la prière vocale. Nous récitons des paroles que d’autres ont composé. C’est, par définition, une prière verbeuse. Habituellement, nous ne nous assoyons pas silencieusement et très longtemps pendant une prière vocale. Pourtant, à son meilleur, elle peut être un tremplin vers la contemplation.

La prochaine étape de la prière est la méditation discursive. Nous lisons un passage d'un livre de dévotion, idéalement les Saintes Écritures et nous réfléchissons brièvement sur sa signification. L'objectif est de ne pas devenir théologiens, faisant de la prière une étude, mais de laisser nos réflexions nous conduire à parler à Dieu du fond du cœur. Ici, nous pourrions avoir à un peu moins parler et plus à être « à l'écoute » de la Voix de Dieu dans le texte et à nos réflexions à ce sujet. Mais notre esprit et notre volonté sont activement engagés.

La méditation discursive nous conduit à la prière affective. L’oraison affective est une méditation simple. Au lieu de prendre dix minutes pour lire et méditer un passage de l'Écriture, nous pouvons passer une minute ou deux à imaginer le Christ dans le Jardin de Gethsémani (un sujet de prédilection de Sainte Térèse ). Notre volonté est portée à exprimer son amour pour Dieu presque aussitôt. Dans la prière affective, nous sommes parfois incités à rester assis en silence pendant un moment (ou plus) afin d’entendre ce que l'Esprit Saint pourrait nous dire. Lorsque notre esprit commence à vagabonder, nous revenons à notre image ou en prenons une autre et nous répétons le processus.

La dernière étape de la prière que nous pouvons atteindre sans intervention divine spéciale est appelée par beaucoup de noms différents. Térèse l’appelle « récollection ». Ici, nous commençons à regarder Jésus avec amour, à dire quelques mots ici et là, mais la plupart du temps en s’imprégnant de Sa Présence. Nous pourrions, d'autre part, avoir à retourner à la méditation, à la prière discursive parfois même à la prière vocale.

Térèse parle de la tension entre les mouvements de l'intelligence, de la volonté et du silence :

« Nous devons rendre nos demandes semblables à des mendiants devant un Empereur riche et puissant ; puis, les yeux baissés, humblement attendre. Quand Il nous montre secrètement qu’Il entend nos prières, il est bon de se taire alors qu’il nous a attirés en Sa Présence ; ensuite, il n'y aurait pas de mal à essayer de garder nos esprits au repos ( si nous le pouvons bien entendu ). Si, toutefois, le Roi ne donne aucun signe qu’Il nous écoute ou qu’Il nous voit, il n'y a pas besoin de se tenir inerte, comme un imbécile, ce à quoi l'âme ressemblerait si elle continuait à être inactive. Dans ce cas, sa sécheresse pourrait considérablement augmenter et l'imagination pourrait être plus agitée qu'auparavant par son effort à ne rien penser. Notre Seigneur souhaite pour nous à un tel moment que nous lui offrions nos demandes et que nous nous placions en Sa Présence ; Il sait ce qui est le mieux pour nous. » (Château intérieur, Quatrième Chambre, chapitre 3).

Dans ce passage, elle a parlé en fait de récollection infusée, la première étape de la contemplation infuse (appelée aussi surnaturelle). Mais l'instruction sur le moment de garder le silence, attendant que Dieu parle, et quand faire des actes de la volonté, s’applique à des stades antérieurs de la prière tout autant. Nous suivons l'impulsion de Dieu et le mouvement de nos cœurs.

Souvent la récollection alterne entre ce que l'âme produit par la grâce et le pur Acte de Dieu. C’est difficile de distinguer les deux au début.

Alors Dieu commence à prendre le contrôle de plus en plus de notre temps de prière. Il nous amène à l'oraison de quiétude. Ici, la volonté devient captive de Dieu mais l'esprit s’emballe frénétiquement parfois, ne sachant pas quoi faire de lui-même.

Si nous continuons sur le chemin de la prière et de la vertu (l’un ne peut pas se développer sans l'autre selon l'enseignement de Thérèse), nous serons amenés finalement à la prière d’Union. Ici, Dieu suspend les opérations à la fois de l'intelligence et de la volonté. L'absorption totale en Dieu bannit toute distraction. Nous ne dépensons aucun effort du tout. Dieu fait tout.
Nous revenons alors à notre question initiale posée dans la Partie I : devrions-nous rester assis tranquillement dans la prière ? La réponse dépend à quel stade de la vie spirituelle nous en sommes rendus et comment Dieu travaille dans notre âme.

Forcer l'intellect à être encore immobile est totalement étranger à l'enseignement de Thérèse. Nous essayons par la douceur de vaincre les distractions. Nous fixons notre esprit et notre cœur sur le Christ et Lui parlons avec amour, parfois en mots, d'autres fois avec un regard d'amour. Le silence n’est pas le but de la prière. C’est un moyen d'inviter Dieu. Il viendra quand Il voudra. Nous devons nous contenter de L’attendre.

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