jeudi 22 octobre 2015

Le fantôme de l'Opéra Synodal

Entretien avec Mgr Athanasius Schneider



Présentation

Interview réalisé par : Clare Maagad
SOURCE : Life Site News

Front Royal, en Virginie, le 21 Octobre, 2015 (LifeSiteNews) — Lors d'un voyage en Virginie la semaine dernière, Mgr Athanasius Schneider du Kazakhstan a parlé avec LifeSiteNews du Synode des Évêques sur la Famille qui touche à sa fin cette semaine à Rome.

L'Évêque, qui a acquis une réputation internationale pour sa défense de la Doctrine et de la Tradition Catholique, nous avertit que le Synode semble prendre son orientation à partir d’un « agenda anti-famille » et il va même jusqu'à dire que ceux qui prônent ces changements suivent l'« esprit » et le « langage » de Satan.



Les méthodes du Synode

LifeSiteNews : Le Synode des Évêques sur la Famille se déroule en ce moment à Rome. Quelles sont vos propres observations et impressions des discussions synodales jusqu'à présent ? Et à propos de ce qui n'a pas été dit ?

Mgr Schneider : Eh bien, je ne participe pas au Synode donc je ne peux que parler de ce que je lis dans les médias et chez les blogueurs Catholiques et, ainsi de cette information que j’obtiens, mon impression est que c’est le même chose que l’année dernière. Le Synode est, malheureusement, uniquement axé sur les deux thèmes principaux, à savoir : l'admission des divorcés remariés à la Sainte Communion et la reconnaissance d'une certaine façon du mode de vie homosexuel. Ces deux sujets font partie de l'ordre du jour typique de l'idéologie mondiale anti-Chrétienne.

Il est très triste que le Synode se soit laissé conditionner en quelque sorte à se perdre dans une ruée pour cette fausse liberté. C’est une servitude d'être sous cette soumission à cette philosophie typiquement anti-Chrétienne qui est à la fois la promotion de l'idéologie homosexuelle et la destruction de la famille par le biais du divorce. Il semble que ce sont les deux points autour desquels il y a des débats synodaux et des batailles ; et nous pouvons lire beaucoup de cela dans les contributions des Pères Synodaux ainsi que dans les rapports de certains groupes linguistiques qui ont été publiés ultérieurement .

Ceci est vraiment mauvais parce que cela est censé être un Synode sur la famille et ça donne l'impression que c’est devenu un Synode pour la promotion de l'agenda anti-famille. Par conséquent, même si ce n’est pas si ouvertement publié pour le moment, et pourtant la majorité des Pères synodaux — et on le constate déjà aussi dans l'Instrumentum laboris — n’ont pas parlé, du moins pas suffisamment, de la très importante vertu de chasteté. Cette chasteté est une vertu Biblique, Chrétienne et Apostolique qui est nécessaire de connaître en tout temps, mais surtout à notre époque, où l'anti-chasteté est devenue une sorte de « valeur » première alors qu’elle est vraiment une « non valeur ».

La non chasteté pour le monde moderne est devenue une idéologie, un style qui doit être encore largement promu. Et nous pouvons alors affirmer que certains des membres du Synode et de ceux qui ont des postes clés dans les structures administratives du Synode lui-même se sont pliés et même courbés devant ces pressions anti-Chrétiennes et une telle soumission est vraiment une honte. Comment les membres d'un Synode officiel qui représentent les Successeurs des Apôtres peuvent prendre cette position et oublier la promotion de la chasteté, une telle vertu essentielle à cultiver quand nous parlons de la famille et du mariage, par exemple. Et une autre chose aussi, notre intention doit être de promouvoir des familles vraiment nombreuses et une fois de plus de montrer l'immoralité et le danger de la contraception. Et selon mon point de vue, ce sont ces deux points qui ne sont, malheureusement, pas suffisamment clairement traités dans le Synode.

LSN : Les 13 Cardinaux ont écrit une lettre à François où ils critiquent le manque de transparence fiable et continue et le fait que la Commission pour le Rapport Final n’a pas été élue par les Pères Synodaux eux-mêmes. Dans quelle mesure seriez-vous d'accord avec leurs objections ?

Mgr Schneider : J’ai lu la lettre qui a été publiée dans les médias et je suis complètement d'accord avec leurs observations. Ce qu’ils ont déclaré possède en effet, à ma connaissance, un véritable fondement, une base.

LSN : De nombreux journalistes ont exprimé leur indignation en raison de l'absence d'informations fiables sur les discussions en cours au Synode. Auriez-vous vous-mêmes quelques observations sur la façon dont ce Synode est organisé et comment ses discussions sont transmises au public ?

Mgr Schneider : Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas à Rome et je ne participe pas au Synode ni à ses environs. Par conséquent, je ne peux pas parler d'une manière très complète. Je peux seulement dire ce que je constate selon les informations que je lis dans les mass médias.

Comme la lettre des Cardinaux dit, on a vraiment l'impression que les discussions sont dirigées vers une équipe spécifique de manière à atteindre un résultat prédéterminé, à savoir d'admettre les divorcés remariés à la Sainte Communion et d'admettre la légitimité de la façon de vivre homosexuelle. Nous devons appeler les choses par leur nom. Pour atteindre ces objectifs, l'information est filtrée à travers une sorte de censure dans le bureau de presse du Vatican — nous pouvons le voir tous les jours — et quand il y a des voix critiques concernant le contenu ou les procédures, il y a le risque que ces voix soient réduites au silence.

Certains journalistes peuvent même perdre leur accréditation. Ça devient de plus en plus évident, et la manipulation ainsi que les tactiques de ceux qui détiennent les postes clés dans le Synode deviendront probablement encore plus évidentes à l'avenir quand les chercheurs auront eu accès aux archives.

LSN : Avez-vous reçu vous-même des rapports des Pères Synodaux sur la façon dont le Synode est en progression et sur les sujets qui ont été amenés — ou pas amenés — jusqu'à présent ? Est-ce que le Synode va dans le sens de la préservation de l'Enseignement Moral Traditionnel de l'Église ?

Mgr Schneider : Je n’ai reçu aucun rapport d'aucun Père du Synode et on a l'impression que certains membres influents du Synode vont dans le sens de ne pas préserver l'enseignement moral de l'Église dans ces deux domaines que nous avons déjà parlé : la Communion Eucharistique pour les divorcés remariés et l'approbation du mode de vie homosexuel. Nous espérons que le Saint-Esprit nous aidera et que les Pères Synodaux abrogeront ou répudieront ces éléments non-Chrétiens dans le document final,.

LSN : Vous avez critiqué le (document de travail) Instrumentum Laboris du Synode publiquement avant le Synode. Pourrions-nous savoir ce qu’est votre principale critique de ce texte ?

Mgr Schneider : Oui, la principale critique est que ce texte possède une caractéristique principale d'une sorte de relativisme, que la vérité n’y est pas toujours valide, que la vérité peut supposément changer dans des circonstances différentes ou selon des circonstances évolutives historiques. C’est la trame idéologique sous-jacente de l'ensemble du document.

Ça se révèle, par exemple, dans des passages contradictoires comme ceux-ci : dans un paragraphe, il est indiqué l'indissolubilité du Mariage Chrétien, puis dans un autre passage, il est montré une possibilité pour les couples qui sont divorcés de leur donner la permission d’accéder aux Sacrements. Il y a une contradiction permanente. Ou bien c’est glissé dans un langage voilé et à la fois sophistiqué qui possède des caractéristiques de sophisme de manière à introduire le mode de vie homosexuel.

Par exemple, en parlant des familles qui ont des membres qui ont des tendances homosexuelles ; et c’est très clair ce qu'ils impliquent et signifient avec cela et ce qu’ils désirent plus pleinement atteindre. C’est finalement introduit, par le biais d’expressions ambiguës, la reconnaissance et l'acceptation de cette façon pécheresse de vivre. Ceci est à mon avis le problème de base de ce document : c’est vraiment une sorte de relativisme doctrinal et moral. Et le relativisme est donc concrètement démontré dans ces deux sujets spécifiques.

LSN : Voyez-vous une probabilité que les défauts de ce document de travail soient reconnus et corrigés par le Synode permanent ?

Mgr Schneider : Cela, je l'espère, mais je ne peux pas le dire parce que je n’y participe pas. J’ai toutefois certaines préoccupations et certains doutes d’après ce que nous observons aujourd'hui et les méthodes de manipulation et de censure de ceux qui ont le pouvoir administratif dans la gouverne du Synode et du bureau du Synode de presse.

Ceux qui ont le pouvoir de gouverner ce Synode se révèlent aussi comme les propagateurs de ces deux sujets (à propos de la Communion Sacramentelle pour les divorcés remariés et l'approbation des actes homosexuels) comme nous l'avons mentionné et ça me laisse dubitatif que le Synode en cours pourra corriger ces défauts. Même dans leur lettre, où les 13 Cardinaux ont souligné les questions problématiques relatives à l'Instrumentum laboris et le caractère doctrinal insuffisant de ce document de travail, leurs arguments ont été rejetés. En effet, le jour immédiatement suivant la réception de la lettre, le contenu a été rejeté par le Secrétaire Général du Synode dans la Salle du Synode.

Parce que ces préoccupations ont été immédiatement rejetées, il est, humainement parlant, donc très douteux que le document final corrigera sans ambiguïté ces défauts graves.

Les sujets du Synode

LSN : Aussi peu que nous savons sur les discussions dans le Hall du Synode, certains des points ont été rendus publics. Mgr Paul-André Durocher du Canada a présenté l'idée que l'Église doit faire plus pour les femmes, et peut-être même ordonner des femmes diacres et donner aux femmes des postes plus élevés ainsi qu’une participation dans la prise de décision au sein des structures de l'Église. Que diriez-vous de cette déclaration ?

Mgr Schneider : Ceci est complètement faux et ne fait pas partie du thème de la famille. C’est un programme typique pour détruire la Doctrine Catholique, l'identité Catholique, en prenant des éléments de l'ordre du jour qui a commencé d'abord dans les églises Protestantes, et les promoteurs de ces propositions ne s’arrêteront probablement pas aussi avec le diaconat des femmes seulement. Ils veulent aller encore plus loin et, alors, c’est abuser du Synode pour introduire des positions hérétiques dans l'Église et détruire la Tradition Apostolique.

L'Ordre Sacramentel dans l'Église est un rôle pour les hommes et non pour les femmes. Ce serait contre les femmes. L'Ordre Sacramentel n’est pas un pouvoir ; c’est un ministère. Les fonctions de l'Église ne sont pas un pouvoir. C’est malheureusement le cas où certains membres du clergé vivent et se comportent d'une manière très mondaine, abusant du pouvoir spirituel, mais ce n’est pas la vraie signification de la prêtrise et du diaconat Catholiques et de leurs fonctions sacramentelles dans l'Église. Cette nouvelle proposition est une vue tout à fait erronée. Et, deuxièmement, c’est là une vue erronée de la nature et de la mission des femmes dans la famille et dans l'Église selon le plan de Dieu .

Il semble que Mgr Paul-André Durocher est seulement un porte-parole pour ceux qui veulent donner à la femme une mission et une tâche qu’elle n'a pas reçue de Dieu et qui est contre le plan de Dieu ; et donc elle en serait endommagée toute sa vie en tant que femme Chrétienne. Une vraie femme Chrétienne ne désirerait jamais occuper des pouvoirs de décision au sein de l'Église. En fait, la femme a déjà un des plus hauts pouvoirs de décision parce qu'elle est mère.

Il y a un proverbe qui dit : « La main qui berce la berceau de l'enfant gouverne le monde ». Ceci est la véritable fin, à savoir éduquer les enfants ; et du berceau, et même depuis le porter dans son sein jusqu’à ce que l’enfant devienne adulte, la femme a ce pouvoir de décision très élevé et responsable de former une nouvelle personne pour Dieu, pour la société, pour le ciel, pour la vie éternelle. Quel pouvoir de décision c’est ça !

LSN : L’Abbé Jeremias Schröder a dit publiquement à l'une des conférences de presse du Synode que la majorité des Pères Synodaux supportent l'idée de permettre aux différentes régions (i.e. les Conférences Épiscopales Nationales) d’établir leurs propres pratiques pour traiter des questions litigieuses telles que l'homosexualité et le divorce. Quel serait votre commentaire sur cette proposition qui a été en particulier fortement promue par la Conférence des Évêques Allemands, en particulier en ce qui concerne la préservation de la Doctrine et de la Morale de l'Église ?

Mgr Schneider : Cette proposition n’est pas Catholique ; c’est en train de détruire le Catholicisme parce que « Catholique » signifie croire dans les choses essentielles de la même manière. Et accepter l'homosexualité et le divorce n’est pas un aspect secondaire. Dans des aspects secondaires, nous pouvons différer d'une Église locale à l'autre — le genre de chant, le genre d’habillement, la langue — nous avons différentes pratiques de dévotion dans les différents pays ; mais avec le même esprit Catholique et la même richesse. La différence est légitime, mais seulement en ce qui n’est pas contre la vérité Catholique. Ces différences sont vraiment complémentaires.

Par le biais de ces nouvelles propositions malicieusement pluralistes, ils vont bien sûr détruire le sens et la Catholicité de l'Église. Et ceci aussi est un ordre du jour de l'idéologie anti-Chrétienne du monde, à savoir détruire à partir de l'intérieur de l'Église Catholique et d'en faire un conglomérat de style protestant composé des différentes églises régionales et confessionnelles. C’est contre cela que nous confessons chaque dimanche dans le Credo : « Je crois en une seule Église, Sainte, Catholique et Apostolique ». Ça semble très réaliste que ce soit un truc à introduire afin d'atteindre l'objectif de l'acceptation du divorce et de l'homosexualité en recourant au moyen de permettre à ces autorités régionales de l'Église de décider. Et, avec le temps et de cette manière, de tels sujets destructeurs seront introduits.

LSN : Comme nous parlons des Évêques Allemands, permettez-moi de citer Mgr Heiner Koch et son deuxième rapport présenté provenant du groupe de langue allemande au Synode. Il a dit : « Nous avons également examiné quelles sont les conséquences d'une telle relation [entre la Justice et la Miséricorde de Dieu] en ce qui concerne l'accompagnement des familles et des mariages. Elle exclut une herméneutique unilatérale et déductive qui soumet des situations concrètes à un principe général ». Et il a plaidé pour une plus grande désirabilité à prendre en compte les biographies personnelles des personnes au lieu d'insister sur la loi morale. Qu'est-ce que cela peut signifie concrètement et ce type d'approche à l'égard de la question de ceux qui vivent dans des relations extraconjugales adultères ou dans une approche acceptable pour l'Église ?

Mgr Schneider : Ce sont de belles paroles spécieuses sans contenu. Seulement des belles paroles superficiellement, vagues et vides. Des discours délibérément ambigus sur les thèmes de la théologie et de la foi rappellent le discours du serpent qui a parlé à Adam et Ève, très poliment, très rusé, mais sans contenu et rempli de mensonges.

La soi-disant « théologie de la biographie » est une expression sans contenu théologique réel et c’est seulement une accumulation de mots et ça ressemble au langage gnostique car il détruit la réalité par des moyens de belles paroles apparentes. Ça détruit les vérités. Quand on lit ce que Mgr Koch et certains membres du groupe allemand ont dit — s’attarder sur la biographie personnelle et non sur la loi morale — on est obligé de réécrire les paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ qu'il aurait dû dire à Zachée de cette manière : « C’est correct, je dois respecter ta biographie personnelle et ne pas insister sur la Loi qu'il a à se convertir ». Mais Zachée lui-même dit : « Oh mon Seigneur, je me repens. Je ne vais pas continuer avec mon péché. Je vais modifier ma vie. Je vais donner en retour deux fois plus de ce que j’ai volé ».

Ou encore, il y a la femme qui a péché. Notre Seigneur aurait pu lui dire : «D'accord, tu as une biographie personnelle ; Je ne vais pas insister sur la Loi morale, va en paix ». Non, Il a plutôt insisté sur la Loi morale et a dit : « Va et ne pèche plus ». Notre Seigneur a insisté sur la Loi morale et même plus d’une manière radicale. Il a dit : « Quand votre main vous séduit, coupez-la ». Ceci est du radicalisme. Cela n'a rien à voir avec la biographie personnelle qui est finalement une déclaration anti-Chrétienne. C’est un moyen d'approuver le péché, c’est être contre la Volonté de Dieu, c’est une parodie de la Volonté de Dieu en se moquant des Dix Commandements.

LSN : Mgr Franz-Josef Bode, un autre Évêque Allemand, a proposé de ne pas dire aux couples cohabitant ensemble qu'ils vivent en état de péché car ce ne serait pas la façon de les emmener proches ou plus proches du Sacrement de Mariage. Il a dit que l’on devrait considérer les relations pré-maritales dans une lumière plus positive. Comment répondriez-vous à ces allégations ?

Mgr Schneider : Ceci est bien sûr non-Chrétien et cela est faux, et c’est une autre façon d'approuver le péché. Parler et agir d'une telle façon est impitoyable envers une personne qui vit dans un état de péché mortel, qui donc offense Dieu, qui vit dans une relation brisée avec Dieu et qui offense Dieu d'une manière sérieuse et donc qui met en danger son salut éternel .

Quand je vois une personne qui va près de l'abîme où près d’un autre danger, je préviens cette personne. C’est une sorte de pitié pour mon voisin. Je ne vais pas dire : « Je ne vais pas vous déranger ». Cela vaut surtout pour une personne qui vit contre la Volonté de Dieu ! Cette personne pourrait mourir demain ou dans une heure et je l’aurai laissée là. Et devrais-je dire : « C’est ok, je vais vous laisser dans ce danger » ? Et ce ne serait pas cruel ? Ce serait en effet être hautement irresponsable.

On a des doutes si Bode croit que commettre des actes sexuels en dehors du mariage est un péché, que la cohabitation est un péché. Croit-il à l'existence du péché, des péchés mortels et, donc, de leur conséquence ? Croit-il à l’enfer, à la damnation éternelle ? On peut croire qu’une personne qui parle de cette manière ne croit pas vraiment à l’état de péché mortel avec la conséquence de la damnation éternelle si le pécheur meurt non repenti. On doit se demander s’il ne croit pas sur la validité toujours permanente des Paroles Divines révélées : « Tu ne commettras pas l'adultère », « Ceux qui commettent l'adultère n’hériteront pas du Royaume de Dieu ». Ce sont des Paroles Divinement Révélées.

LSN : Le Père Thomas Rosica, porte-parole du Vatican pour le Synode pour le monde anglophone, a déclaré publiquement à l'égard de l'homosexualité lors d'une conférence de presse : « Il doit y avoir une fin à la langue d'exclusion et un fort accent pour embrasser la réalité telle qu'elle est. Nous ne devrions pas avoir peur des situations nouvelles et complexes. [...] La langue de l'inclusion doit être notre langue en tenant toujours compte des possibilités et des solutions pastorales et canoniques ». Dans quelle mesure vous êtes d'accord ou en désaccord avec cette déclaration à l'égard du langage utilisé devant une conduite pécheresse ?

Mgr Schneider : Oui, cela est plus ou moins la même question et le même contenu que les déclarations antérieures ; ils ont la même caractéristique commune de relativisme et de ne pas prendre au sérieux les Vérités des Paroles Révélées de Dieu qui nous parle clairement.

En effet, parfois la langue d'exclusion de Jésus est forte : « Rejetez votre main, votre œil» et ce en référence au péché. Ceci est un langage tout à fait d’exclusion. Lorsque votre frère commet un péché et que vous voyez cela, vous devez d'abord l'avertir individuellement ; et quand il n'a pas entendu votre avertissement, vous devez prendre des témoins et avertissez-le ; et quand il n'a pas entendu les témoins, avertissez-le devant toute l'Église ; et, quand il n'a pas entendu l'Église, alors vous devez le traiter comme un païen. Et ceci est la Parole de Jésus ! Et nous suivons alors Jésus.

Ces ecclésiastiques qui accusent la vérité immuable de la Doctrine de l'Église comme possédant un langage d'exclusion doivent adresser leurs paroles à Jésus-Christ et je voudrais leur dire : « S'il vous plaît, dites à Jésus : « Jésus, vous avez un langage d'exclusion » ». Ces hommes ont l'arrogance de corriger et d'enseigner Dieu. Tel est l'esprit du monde et d’un grave péché contre la foi. C’est dangereux pour le salut des âmes de ces Évêques et de ces prêtres.

Ils corrigent Jésus dans Ses Déclarations et disent finalement que Jésus ne parlait pas correctement dans les Évangiles, et cette présomption est insolente et, en elle, on trouve sa conséquence finale : diabolique. Le diable dit : « Dieu ne parle pas de la bonne manière, car il est très exclusif ! » Mais, Son Commandement, en vérité, est finalement un ordre d'exclusion : « Quand vous ne respecterez pas Ma Parole : « Ne pas manger de ce fruit » — vous allez mourir ». Mourir est très exclusif.

Le serpent a dit : « Non, ce n’est pas vrai, Dieu n'a pas dit cela. Vous ne mourrez pas. Vous serez comme des dieux ». Ainsi, ces prêtres et ces Évêques infidèles ont effectivement voulu, ou peut-être seulement ont inconsciemment voulu, être comme Dieu comme résultat final. Ils déclareront d'une manière supérieure ce qui est vrai, ce qui est exclusion et ce qui n’est pas exclusion. Et puis ils deviennent pires que l'Inquisition souvent décriée.

L'Inquisition avait en effet — et maintenant elle a été reconnue par la communauté intellectuelle internationale - l'une des méthodes les plus élaborées et équitables pour protéger l'accusé afin de lui donner la possibilité d'avoir et d'appliquer les justes moyens de défense personnelle et d’observer scrupuleusement ainsi les règles. On a l'impression que ceux qui ont actuellement certains des pouvoirs de direction en place dans le Synode n’observent pas les règles de procédure tout à fait sages et équilibrées de l'Inquisition historique.

LSN : En général, quel est votre propre évaluation du langage moderne comme outil de médiation entre le sens et la substance tels que les mots « accompagnement », « exclusion », « positif contre un solde négatif », « gradualisme », et ainsi de suite ?

Mgr Schneider : C’est encore ici utiliser un langage sans contenu pour produire et exprimer une accumulation de lettres avec un son magnifique mais sans substance sonore. C’est une perversion du langage afin d'atteindre un objectif qui est contraire à la Parole de Dieu. Et ceci est typiquement du gnosticisme.

Ils utilisent des mots comme accompagnement. Mais ils vont accompagner la personne pour qu'elle reste dans son péché, dans le danger de mourir éternellement. Ceci est le contraire de l'accompagnement. Et le mot « gradualisme » est contraire à la vérité divinement révélée parce que Dieu a radicalement et efficacement dit dans Ses Commandements : « Ne mentez pas ! » Il n'a pas dit : « Oh, oui, vous pouvez mentir un peu ». Dieu a dit : « Ne volez pas ». Il n'a pas dit : « Non, vous pouvez voler un peu, graduellement ». De la même façon, vous ne devriez pas commettre l'adultère, ni actes impudiques, pas même un petit peu. Car c’est contraire aux Paroles et aux Vérités de Dieu.

Cela est d'autant psychologiquement dommageable pour la personne parce que quand vous dites au menteur : « Oh, vous pouvez toujours mentir un peu ». Il ne va pas changer et ne s’améliorera pas vraiment car il ne voit pas qu'il est en danger. Il dira toujours : « Aujourd'hui, mon mensonge n’était pas si grand, pas si mal » et donc nous ne l'aiderons probablement pas du tout. Par conséquent, du point de vue de la psychologie humaine, un tel « gradualisme » est un danger. Ainsi nous avons à dire ceci : « Vous ne devez jamais mentir et ne jamais voler, ni commettre des actes impudiques, ni commettre la calomnie, jamais ! » Et puis la personne saura cela, que c’est un danger et elle aura un but à atteindre cette norme. Elle ne sera peut-être pas capable de réussir demain, c’est une autre question, mais elle a la ferme volonté d'abandonner ce qu’elle fait, tout à fait.

Bien sûr, nous avons à dire cela d'une manière charitable comme une mère et un père parlant à leurs enfants. Un père et une mère responsables ne diront jamais « ce n’est pas si mal » lorsque leur enfant, par exemple, triche à l'école. Car la tricherie est malhonnête et quand les parents la découvrent, il serait irresponsable pour le père ou la mère de dire : « Ok, vous pouvez graduellement abandonner cette conduite ». Non, l'enfant ne devrait jamais tricher et il ne deviendra pas une personne morale à moins que vous lui enseigniez. Il vous faut éduquer l'enfant. Mais alors, quand votre enfant dit : « J’ai fait tout mon possible mais j’ai tombé une fois de plus » alors vous devez dire : « Bon, s'il te plaît, continue à essayer ». Ceci est la pédagogie de Dieu et de l'Église.

Chaque fois qu'un pécheur se livre à un repentir sincère à la confession et confesse véritablement son péché, le prêtre doit lui donner l'absolution quand le pécheur a vraiment et sincèrement utilisé tous les moyens à sa disposition. Quand c’est seulement un cas de fragilité humaine, nous ne disposons pas le pouvoir de refuser l'absolution. Ceci est du gradualisme authentique. Mais ils — les innovateurs — appliquent un mauvais gradualisme. Ils disent : « Maintenant, vous pouvez vivre dans le péché. Et puis demain, ou peut-être dans un an, quand vous voulez, vous pourrez commencer à commettre de moindres péchés ». Cette orientation est totalement irréaliste et irresponsable. Sans oublier aussi que cela est contraire à la Vérité. Maintenant, je ne donnerai un exemple utile et une comparaison psychologique supplémentaire.

J’ai grandi dans le communisme, je suis allé cinq ans dans les écoles communistes et je me souviens très bien et tout à fait complètement de ce langage séduisant ; car ils ont utilisaient les mêmes termes, concepts, mais d'une manière perverse, quand ils parlaient de la « paix ». Ils disaient : « Oh, nous faisons la promotion de la paix » mais nous savions qu’en ces temps communistes, ils ne faisaient pas la promotion de la paix car ils exportaient des armes à Cuba, en Angola et ainsi de suite ; et ainsi, c’était « la paix ». Et cela est cynique et c’est également de la même manière qu’ils sont en train de pervertir le vrai sens des mots.

Par exemple, je me souviens comme enfant à l'école communiste que nous devions apprendre une chanson communiste célèbre, très célèbre à l'époque, et elle allait comme ceci : notre pays est un pays magnifique avec des arbres et de la forêt et je ne connais pas un autre pays où les gens peuvent respirer librement. Librement ! Je devais chanter encore et encore cette chanson. Un pays où vous pouvez respirer librement — et, en réalité, c’était un pays rempli de prisons et de camps de concentration. C’est très triste que maintenant ce groupe innovant des Évêques au Synode utilisent un langage perverti pour promouvoir un agenda anti-Chrétien.

LSN : Votre supérieur, l’Archevêque Tomash Peta d'Astana, au Kazakhstan, a déclaré récemment au cours du Synode actuel qu’au Synode de 2014 « la fumée de Satan » a essayé d'entrer dans la Salle Paul VI ». Il a concrètement cité comme exemples de cette affirmation comme la tentative de permettre aux « divorcés remariés » de recevoir la Sainte Communion , et aussi la revendication concernant la cohabitation qui, semble-t-il, « était une union qui peut avoir en soi quelques valeurs » ; et enfin le « plaidoyer pour l'homosexualité comme quelque chose qui est prétendument normal ». Il a conclu avec regret que « l'odeur de Satan se trouve aussi dans les interventions de certains Pères synodaux cette année [2015] ». Pourriez-vous commenter sur sa déclaration et nous expliquer un peu plus sa position ?

Mgr Schneider : Je considère cette déclaration comme étant l'une des plus frappantes et c’était l'une des déclarations les plus pertinentes sur la question. Il a prononcé ces paroles que personne d'autre n'a osé dire. Il a mis le doigt sur la plaie. Car c’est l'esprit de Satan qui pervertit les Commandements de Dieu en utilisant un langage particulièrement séduisant et beau. C’est le langage de Satan, l’odeur de la fumée de Satan. Mgr Thomas Peta l’a dit sincèrement et nous devons espérer que certains des Pères Synodaux se réveillent.

Quand Jésus parlait, il était très souvent exclusif dans son langage. Par exemple, quand Pierre dit à Jésus : « Oh, tu ne souffriras pas de la Croix » Jésus lui a dit : « Arrière de Moi, Satan ». Ce langage est très exclusif. Et les Pères Synodaux devraient eux aussi se lever et dire de telles choses quand ils voient ces propositions qui acceptent l'homosexualité et le divorce : « Satan, sors d'ici, de cette Salle du Synode, de cette Sainte Rome Éternelle ». Certaines personnes disent qu'il serait utile faire un exorcisme sur les rencontres du Synode.

LSN : Le Cardinal Robert Sarah a eu de même des paroles fortes pour dire dans sa propre intervention au cours du Synode de cette année sur notre situation actuelle quand il a dit qu'il y a « deux menaces inattendues (presque comme deux « bêtes apocalyptiques ») situées sur des pôles opposés : d'une part, l'idolâtrie de la liberté de l'Ouest ; de l'autre, l'intégrisme islamique : la laïcité athée contre le fanatisme religieux ». Il a aussi dit : « Ce qu’étaient le fascisme nazi et le communisme au 20ème siècle, ce sont les homosexuels et les idéologies de l’avortement occidentaux ainsi que le fanatisme islamique qui le sont aujourd'hui ». Êtes-vous d'accord avec lui et voulez-vous développer vos propres pensées pour nous sur cette thèse ?

Mgr Schneider : Je suis entièrement d'accord avec cette déclaration, c’est une remarque très juste et une observation très sage. Car c’est ce qui vraiment nous attend, ce qui est en face de nous : une dictature de l'idéologie homosexuelle. C’est une nouvelle dictature. Et nous observons certains fonctionnaires des États-Unis qui sont déjà condamnés à la prison quand ils refusent de remplir le certificat de mariage pour un couple homosexuel. Kim Davis est un exemple. Ça commence déjà comme dictature et nous ne savons pas encore dans la direction ça va aller, nous devons donc être très vigilants.

C’est la manifestation de la pensée unique : c’est typique de toutes les dictatures. Il est impossible de penser d’une autre façon.

L'analyse de Cardinal Sarah est très réaliste et je suis d'accord avec elle. Nous devons être vigilants et prêts à être persécutés de différentes manières et façons, et peut-être même, qu’il ne faut pas exclure de devenir martyres et confesseurs. À chaque fois qu’il y a tous ces moments de persécutions, ce sont toujours des moments de grandes bénédictions pour l'Église et pour sa plus grande purification. Ces Cardinaux et Prêtres qui occupent maintenant si fièrement leur position de pouvoir ecclésiastique et la promotion de ces « valeurs » anti-Chrétiennes comme l'homosexualité, seront probablement les premiers qui vont renier le Christ. Ils vont Le renier et ils ne seront pas prêts à mourir pour le Christ et surtout pas pour la raison qu'il est Dieu.

LSN : Ce matin, ici, à Paroisse de Saint-Jean-Baptiste à Front Royal, en Virginie, vous avez parlé dans votre homélie d'un néo-marxisme et d’une dictature néo-communiste dans le monde entier auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Pourriez-vous expliquer ce que vous entendez par ces mots et aussi est-ce que ça comprend les théories plus sophistiquées et la pratique de Antonio Gramsci et de la Frankfurt School of Social Research ? (École de recherches en Études Sociales de Frankfurt)

Mgr Schneider : Nous observons maintenant ce phénomène dans le monde entier, dans presque tous les pays qui ont maintenant lâchement introduit l'idéologie homosexuelle dans les écoles, dans les tribunaux. C’est là, sur une échelle de plus en plus dans le monde entier, à l'exception de l'Afrique, de l’Europe orientale et de l’Asie, qui ne sont pas aussi développées. Mais, pour le reste du monde, partout ailleurs, cette idéologie et cet agenda sont en cours d'introduction.

C’est ultimement du néo-communisme et marxisme parce que l'idéologie de Marx veut abolir tous les signes de différence. Le dernier signe de différence la plus évidente se trouve dans le sexe naturel créé chez les personnes. Par conséquent, l'agenda homosexuel est arrivé. Il serait peut-être utile de faire encore plus de recherches approfondies dans les écrits de Marx et Engels. Le siège de l'idéologie homosexuelle est déjà dans Marx et Engels. Par conséquent, ce que j’appelle « action », c’est ce néo-marxisme ou néo-communisme mondial.

Je ne suis pas familier avec les théories d’Antonio Gramsci, par conséquent, il faudrait que je fouille cette question beaucoup plus. Vouloir supprimer toutes les différences, toutes les hiérarchies, cela est communiste, cela est marxiste. Il serait intéressant de faire cette recherche historique supplémentaire dans les écrits de Marx et Engels — et Hegel aussi.

LSN : Si vous aviez la chance de rencontrer François aujourd'hui, que diriez-vous au Pape sur le Synode ? Quelle serait votre demande au Saint-Père ?

Mgr Schneider : Je dirais : « Saint Père, votre première tâche est d'accomplir loyalement ce que le Christ a dit à Pierre : « Pierre, confirme tes frères dans la Foi ; J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaillisse pas, mais tu dois donc maintenant confirmer tes frères ». Alors je vous demande, Saint-Père, confirmez-nous, vos frères, avec les déclarations les plus claires possibles des Vérités Divines et de le faire aussi avec des déclarations les plus claires et sans ambiguïté pour la défense des vérités divines sur la famille et le mariage, et donc sur la dignité d’une sexualité humaine chaste. Et pour être un Défenseur de la Foi, un Confesseur de la Foi. Ce serait mon souhait qu'il n'y ait pas de possibilité pour les médias anti-Chrétiens d’exploiter vos paroles dans le but de nuire à la Vérité Catholique ».

LSN : Enfin, souhaiteriez-vous vous-mêmes ajouter d'autres commentaires ?

Mgr Schneider : En ce moment, il semble que certains de ceux qui, dans l'Église, ont reçu de Dieu la première tâche de dire la vérité dans toute son intégrité comme elle nous vient des Apôtres — et les Évêques doivent être leurs Successeurs sans équivoque —font éventuellement le contraire. Une partie influente d'entre eux qui occupent des postes clés dans l'administration de l'Église abusent maintenant de leur sainte et sacrée mission de telle sorte, il semble, qu’ils détruisent finalement les Vérités Divines sur le mariage et la famille. Ceci est très grave.

Mais, Dieu a permis cela tout comme Il autorisé au 4ème siècle alors que la quasi-totalité de l'épiscopat, à quelques exceptions près, avait accepté ou sympathisé avec l'hérésie arienne. À ces moments-là, les simples fidèles, les enfants, ont maintenu loyalement la Vérité pure et intégrale sur la Divinité du Christ et cette fidélité a en quelque sorte sauvé l'Église.

J’ai espoir dans la pureté fructueuse des fidèles, des simples Catholiques, des enfants, des jeunes couples, des familles nombreuses, des simples prêtres, et d'autres qui ont heureusement conservé leur Pureté de Foi et leur Défense de la Foi qu'ils ont acceptées, telles que Human Life International et LifeSiteNews, et quelques autres qui ont également fait une très puissante — et aussi aux yeux de Dieu — contribution efficace pour garder la Pureté de la Foi et la transmettre à la prochaine génération. Ceci est vraiment notre espérance et nous donne la joie et la confiance pour continuer notre saint combat pour la Foi que nous avons reçue au baptême.

Notre Foi Catholique pure est aussi une victoire sur toutes les attaques du monde non Chrétien et sur tous les sophismes et odeurs infernales de ces belles phrases et propositions de l'establishment clérical néo-gnostique qui favorise cette subversion trompeuse. Notre foi pure des simples, « des petits », le « Parvuli Christi », va gagner cette lutte enfin avec l'aide de la Grâce de Dieu et par l'intercession de Notre-Dame, la Vierge Marie, qui a vaincu toutes les hérésies, comme il est dit une ancienne antienne mariale.

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