jeudi 8 octobre 2015

Une deuxième bombe à la Kasper se pointe...

Dans l'Instrumentum Laboris,
elle n'a pas encore explosé !

par Xavier Rynne II
SOURCE : First Things

Avec le Synode sur la famille bien en cours à Rome, une attention considérable a été donnée (et pas seulement dans les médias) à la « Proposition Kasper » d'admettre les divorcés remariés civilement à la Sainte Communion. Pas de doute que la discussion se poursuivra sur cette question bien que François a clairement fait comprendre qu'il ne veut pas que la proposition Kasper soit la question dominante, l'objet principal de l'attention, au Synode-2015. Mais la proposition Kasper n’est pas la seule proposition avec de lourdes conséquences. Car, enterrée dans le document de travail du Synode, l'Instrumentum Laboris [IL], il y a une autre proposition à l’effet d’une bombe qui a des conséquences tout aussi radicales qui, à ce jour, n’a obtenu peu ou pas d'attention soutenue.

On la trouve dans la section de l'Instrumentum Laboris sur les mariages mixtes, au n ° 128, et c’est quelque chose de tout à fait nouveau en ce sens qu’elle n'a pas figuré dans le document final du Synode-2014 et ne semble pas avoir été un élément caractéristique important de la discussion de l'année dernière. La proposition semble avoir été ajoutée à l’Instrumentum Laboris (et donc pas à l'ordre du jour du Synode) par le Cardinal Lorenzo Baldisseri ou par son personnel au Secrétariat du Synode. Et ce n’est pas osé de suggérer que cela a été fait à la demande de certains Évêques Allemands, qui ont appuyé en douceur cette proposition (et de fait, l’ont mise en œuvre ) depuis des années.

À première vue, l’article # 128 semble assez anodin, un peu comme une extension progressive des circonstances dans lesquelles d'autres membres d’organismes ecclésiaux (autres que Catholiques) peuvent recevoir l'Eucharistie dans un rite catholique :

« Certains suggèrent que les mariages mixtes soient considérés comme des cas de « grave nécessité » pour lesquels il est possible à des baptisés vivant en dehors de la pleine communion de l’Église catholique, mais qui partagent toutefois avec elle la foi concernant l’Eucharistie, d’être admis à la réception de ce sacrement en l’absence de leurs propres pasteurs (cf. EdE,45-46; Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, Directoire pour l’Application des Principes et des Normes pour l’Œcuménisme, 25 mars 1993,122-128), en tenant compte également des critères spécifiques à la communauté ecclésiale à laquelle ils appartiennent ». Article # 128 de l'Instrumentum Laboris.

Pourtant, si on vérifie les références et que l’on examine attentivement la proposition, cette suggestion apparemment anodine importe un principe révolutionnaire dans le document de travail de base du Synode. À la surface, la proposition semble s’apparenter aux dispositions qui régissent actuellement la réception de la Sainte Communion dans les rites catholiques par des membres des Églises Orthodoxes.

Les Orthodoxes sont exclus ici puisque tout est prévu pour eux.

Cet article s'applique pour les Protestants !

Mais parce que la loi de l'Église actuelle prévoit déjà la situation pour les Orthodoxes, les principaux bénéficiaires de la nouvelle proposition seraient les Protestants. En somme, la proposition est à l’effet que les Protestants qui professent une foi dans l'Eucharistie et qui sont dans des « mariages mixtes » (c’est-à-dire qui sont mariés à des Catholiques) seraient admis à la Sainte Communion lors d’une messe Catholique sur une base régulière, même à une messe quotidienne, simplement parce qu'ils sont mariés à un Catholique. ( La condition que leur propre pasteur ne doit pas être « disponible » est ajouté, mais dans la pratique, cela serait susceptible d’être interprété assez librement. )

L'adoption de cette proposition constituerait un changement monumental, non seulement dans la discipline de l'Église pour la Sainte Communion, mais dans la Doctrine Catholique de l'Eucharistie. L'Eucharistie est non seulement un signe ou un instrument d'inclusion sociale. C’est une réalité spirituelle, profonde, avec des effets spirituels profonds ( de fait divins ). (Comme tous les sacrements, elle cause des effets ou apporte sur ce qu’elle signifie ). Une dimension essentielle de cette réalité est la Communion ecclésiale ou l'unité. La réception de l'Eucharistie signifie que l'on est en pleine communion avec le Corps Visible du Christ, l'Église ( et avec le Pape et les Évêques qui sont les Vicaires du Christ ), et elle apporte même la communion et renforce cette unité. Ceci est la théologie catholique pérenne eucharistique, un thème dominant partant de Saint-Paul passant par les Pères de l'Église, les scolastiques médiévaux et les écrits de théologiens éminents du XXe siècle comme le P. Henri de Lubac, SJ. C’est aussi un élément central de l'Encyclique de Saint-Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia.

Recevoir l'Eucharistie est (ou devrait être) un acte profondément significatif spirituellement qui signifie, dans le cadre de son sens intrinsèque, que « Je suis en pleine communion avec le Christ et Lui obéissant ainsi qu’à cette communauté visible ». Si l'Église admet régulièrement à la Sainte Communion ceux qui ne sont pas en pleine communion avec elle, le lien fondamental entre l'Eucharistie et la communion ecclésiale sera rompue — avec des conséquences sévères pour la doctrine de l'Eucharistie elle-même.

Qui plus est, la loi et les règlements de l'Église existants stipulent clairement qu’un non-Catholique ne peut recevoir la Sainte Communion que s’il est bien disposé à le faire. Cela signifie avoir fait une confession sacramentelle. La proposition ne fait aucune mention de cela. En fait, les règles existantes lient expressément l'accès à l'Eucharistie avec les sacrements de la Pénitence et de l'Onction des malades et prévoient ce genre de partage Eucharistique que dans des rares cas de grave nécessité (par exemple, quelqu'un meurt dans un hôpital qui exprime sa foi catholique dans les sacrements et les demande même s’il ou elle n'a pas encore été reçu(e) dans l'Église et qui reçoit alors les sacrements de la Pénitence, de l'Onction des malades et l'Eucharistie comme viatique).

La proposition # 128 suggère un changement dans la Doctrine Catholique aussi monumental que la proposition d’origine de Kasper d'admettre les divorcés et remariés civilement à la Sainte Communion après leur engagement d’un « chemin de pénitence ». Les Protestants dans les mariages mixtes seraient admis à la Sainte Communion même mais ils n'ont pas reçu l'absolution pour tous les péchés commis après le baptême. Tous les dangers doctrinaux et pastoraux d'inviter à la Sainte Communion ceux qui ne sont pas disposés à la recevoir — et l'avertissement de Saint Paul est contre cela d’une manière solennelle et sérieuse (1 Corinthiens 11 : 27-30) — sont présents dans cette proposition tout autant comme que ceux dans la proposition de Kasper.

Les textes de L'Instrumentum Laboris suggèrent qu’étant dans un mariage mixte est un cas de « nécessité grave », que cela permet aux Protestants de recevoir l'Eucharistie. Cela n’est tout simplement pas le cas. La gravité va précisément en sens contraire. Nous ne proposons pas de cohabitation comme une stratégie étapiste pour construire un bon mariage. Vous ne commencez pas avec l'acte le plus solennel de la Communion dans l'espoir que l'engagement Catholique se poursuivra un jour. Trop souvent, le résultat est un non engagement mais son contraire jumelé avec la perte de tout sens de la sacralité de l'acte lui-même.

Cette bombe non explosée devrait être désamorcée lorsque les Pères Synodaux entreprendront la partie III de l'Instrumentum Laboris — et ce ne serait pas une mauvaise chose pour plus que quelques Pères synodaux de la signaler, de la disséquer à l'avance, et peut-être dans les Assemblées Générales du Synode.

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