jeudi 12 janvier 2017

Créer le désordre comme politique papale




SOURCE : Fatima Network News

Une grande partie de notre énergie est consacrée à essayer d'établir et de maintenir l'ordre dans nos vies. Une action résolue est impossible sans elle. Nous l'enseignons à nos enfants et espérons qu'ils finiront par incorporer dans leur maturité la discipline que nous leur avons imposée dans leurs premières années. Ça peut donc paraître surprenant que le Pape François ait conseillé aux jeunes de « créer le désordre » (voir : «Le Pape clôture le voyage en Amérique du Sud encourageant les jeunes à « brasser la cage »).

Les jeunes ne sont que trop disposés à lui faire plaisir, car leur exubérance exige un exutoire et, à défaut d'un canal constructif, elle s'exprimera souvent dans des actes aléatoires et mêmes destructeurs. Les émeutes se produisent sur les campus universitaires, pas dans les maisons de retraite. Et démolir les choses est beaucoup plus facile que de les construire : on peut voir les résultats immédiats de la démolition et sentir que quelque chose a été accompli même si ça a la valeur négative d'avoir transformé une structure ordonnée en une épave informe.

Mais pourquoi le Chef de l'Église Catholique Romaine exhorte-t-il les jeunes à « créer le désordre ? » Quelle est son intention ?

Son conseil de créer le désordre est venu lors de sa tournée sud-américaine de 2015 dans laquelle il dénonçait le capitalisme « sans entrave » en accord avec sa préférence pour la métaphore scatologique où l’argent est « la bouse du diable ». Il a attribué les souffrances des pauvres à la propagation de cette « bouse » sur le plan économique pour ainsi dire. Son message aux jeunes doit être compris dans ce contexte. Il est déraisonnable de ne pas voir cela comme une exhortation à la révolution économique : retourner la bouse du capitalisme aux visages des riches démoniaques.

François a même utilisé une homélie de Noël pour dire que l'ordre économique établi en Occident prive les jeunes de la possibilité d'un travail « authentique » quel qu'il soit. ( Voir : « Pour 2017 plus de la même chose : la politique de gauche enveloppée dans la langue de la piété Catholique » ). Ceci est dû à la culture de « l'exclusion » et des « privilèges » que l'enfant Christ était censé naître pour renverser ». Ainsi même la Nativité a été incluse dans le projet de François d'enrôler l'Église, en particulier les jeunes, dans sa croisade contre le capitalisme et pour... quoi, précisément ?

François ne peut pas donner une vision claire de ce qu'il pense que l'Église devrait devenir mais il n’y a pas à y avoir d'erreur sur son impatience à se confier sur ce qu'il pense que l'Église a été. François considère le Catholicisme traditionnel comme égoïste, moraliste, soucieux du salut individuel plutôt que de la justice sociale, ce qu'il considère apparemment comme la mission première de l'Église. ( Voir : « Quelle religion est-ce ? » ) Mais, même selon ses propres termes, cette vision aberrante de la mission de l'Église ne s'associe à aucun programme pratique et n'équivaut qu'à un sentiment amorphe.

Comment faire le désordre réussira-t-il à renverser le capitalisme ? Ce n'est pas clair, bien sûr. Peu de ce que dit ce Pontife est clair, mais son sens général est indubitable : les riches, avec l'assentiment de l'Église, ont exploité les pauvres. L'Église doit maintenant s'aligner avec les pauvres par un bouleversement social qui va changer l'ordre établi et le rendre plus équitable ou égalitaire. Le Pape appelle les jeunes à être les agents du changement dans l'Église et dans le monde. Et ils ne peuvent provoquer le changement qu'en détruisant d'abord l'ordre établi. Comment devraient-ils faire sur ce sujet justement ?

Chaque révolution commence par démolir les choses et tuer des gens, et ensuite vient la reconstruction selon un nouveau plan. Le Pape ne préconise pas explicitement la violence, mais il est difficile de voir comment faire un désordre du présent ordre social et économique afin qu'il puisse être radicalement reconstitué ne laissera pas certains corps dans son sillage, avec beaucoup de dommages collatéraux qui nuira au pauvre à qui tout ça est destiné à aider. Et qu'est-ce qui va prendre la place de l'ordre économique détruit ? Le Pape conseille aux faiseurs de désordre de « nettoyer » ensuite, mais il est bref sur les détails, pour dire le moins. Peut-être Cuba et le Venezuela peuvent-ils fournir un modèle.

Il dit simplement aux jeunes que créer le désordre va « libérer » leurs cœurs, créer de la « solidarité » et donner naissance à « l'espoir ». Mais de quoi leur cœur sera-t-il libéré ? Quelle est exactement la nature supposée de leur servitude actuelle ? Et que faire de cette liberté ? La « solidarité » fut un terme utilisé pour décrire le soulèvement contre le Communisme en Pologne dans les années 1980, mais cela ne peut guère être ce qui est signifié dans cette circonstance car le Pape n'incite personne à abandonner le joug du socialisme d'État ; c’est plutôt l'inverse. Et « l'espoir » dans quoi ? L'espoir peut être un terme vague avec une saveur positive, c'est pourquoi les politiciens aiment à l'utiliser. Ça ne les engage à rien. Mais un Pape devrait utiliser le terme d'espoir soit dans son sens théologique, soit être précis dans ce qu'il souhaite que les gens chérissent comme un idéal réalisable dans ce monde. L'« espoir » de François est aussi amorphe que sa « solidarité ». Une grande partie de ce qu'il dit ne peut être considérée que comme une rhétorique vide.

Mais le conseil du Pape pour créer le désordre a pris une nouvelle importance car il est maintenant salué par certains dans les médias comme le « Chef de la Gauche Mondiale ». (Voir : « Comment le Pape François est devenu le leader de la gauche mondiale »). C'est peut-être ce que le Pape a souhaité et ce qu'il considère comme le rôle propre du Pontife Romain. Mais ses paroles peuvent avoir des conséquences imprévues à mesure que la société Occidentale se dirige vers une plus grande polarisation et une intransigeance qui peut préfigurer des confrontations violentes.

Le fait de confondre la mission de l'Église Catholique avec un agenda politique a toujours été désastreux pour l'Église et l'État. Pourtant, les leçons de l'histoire semblent oubliées par François et ses admirateurs alors qu'ils se dirigent vers une autre confusion de la religion et de la politique qui ne peut pas bien finir. Si le Pape souhaite un désordre, il est susceptible d'obtenir son souhait.

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