vendredi 27 janvier 2017

Est-ce que cela ne finira jamais ?
Le Pape détruit la Souveraineté de l’Ordre Militaire Souverain de Malte




par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Fatima Network Perspectives
Le 26 janvier 2017



L'Ordre Militaire Souverain de Malte, fondé en 1099 sous le nom de Chevaliers Hospitaliers, est considéré comme une souveraineté politique avec ses propres passeports et ses propres relations diplomatiques avec de nombreux pays, y compris l'État de la Cité du Vatican lui-même. Il a même le statut d'observateur auprès des Nations Unies. La riche histoire de l'Ordre comprend son rôle primordial dans la victoire sur l'Islam à la bataille de Lépante (1571) après quoi le Pape Clément VII lui a accordé le statut territorial (englobant alors toute l'île de Malte mais limité aujourd'hui à son quartier général ainsi que d'autres possessions, y compris une partie du Fort Saint-Ange à Malte).


L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.


Fort Saint-Ange à Malte, propriété de l'Ordre de Malte

Le Pape François vient de détruire la souveraineté politique de l'Ordre dans un abus manifeste d'autorité papale, comme on le verra plus loin. La décision prise par le Grand Maître de l'Ordre, Matthew Festing, de retirer Albrecht von Boeselager de son poste de Grand Chancelier est due à l'implication de von Boeselager dans la distribution de contraceptifs par l'intermédiaire de son organisation internationale Malteser International qui a duré des années jusqu'à ce que le leadership de l'Ordre ait découvert le scandale.

Qu’a fait exactement François ici qui constitue un abus d'autorité ?

Premièrement, il a personnellement demandé la démission de Festing sur une question de gouvernance interne de l'Ordre, c'est-à-dire la suppression de Boeslager. Festing s’est conformé à la demande. En effet, François a forcé un Chef d'État à démissionner — ce qui, sans aucune révocation pontificale antérieure du privilège de la souveraineté d'État accordé à l’Ordre depuis des siècles par les Papes.

Peut-être qu’on pourrait interpréter cette action minimalement comme l'obéissance volontaire d'un sujet pontifical à un ordre papal, si injuste soit-il. En effet, le Pape aurait dû demander à Boeselager de démissionner quand il refusa l'ordre de Festing de démissionner (forçant Festing à engager des procédures internes pour le renvoi de Boeslager).

Mais la seconde action que François a prise ne saurait en aucun cas être défendue comme un exercice légitime de l'autorité papale : il a décrété que l'Ordre sera maintenant dirigé par un Délégué Apostolique. Cela revient, littéralement, à un coup d'État pontifical. Apparemment insouciant des implications, François a renversé le gouvernement d'un État souverain menaçant ainsi la souveraineté propre du Vatican à l'avenir.

Est-ce que j'exagère ? Laissons Ed Condon, écrivant dans la revue à grand tirage et normalement très posé, le Catholic Herald, expliquer — dans un article approprié intitulé « Le Vatican a détruit la Souveraineté de l'Ordre de Malte. Qu’en serait-il si l’Italie faisait de même au Vatican ? ». Condon écrit : « Le fait le plus étonnant de l'histoire est l'annonce d'aujourd'hui que le Pape installera un Délégué Apostolique pour diriger l'Ordre. En effet, cela abolit l'Ordre en tant qu'entité souveraine. En vertu du droit international, ce que nous voyons, c'est effectivement l'annexion d'un pays par un autre ».

Condon observe que François évidemment n'a pas réfléchi mais que les ennemis de l'Église le feront certainement :

« L'annonce faite aujourd'hui d'un Délégué Apostolique nommé par le Pape représente essentiellement l'abrogation totale de la souveraineté de l'Ordre. Pourtant, les conséquences pour le Saint-Siège lui-même peuvent, à plus long terme, être également ou plus sévères même. Le mépris de la relation mutuellement souveraine entre le Saint-Siège et l'Ordre crée un précédent en droit international qui se cachera désormais sous les rapports du Secrétariat d'État avec d'autres gouvernements comme une bombe non explosée ».

« Si le Saint-Siège peut s'insérer si insolemment dans la gouvernance interne d'une autre entité souveraine dont la légitimité découle d'un accord mutuel en vertu du droit international, il n'a pas de défense légale si un autre corps souverain, disons le gouvernement de la République Italienne, choisit de voir l'indépendance du Saint-Siège comme une formalité anachronique similaire ».

« Le Cardinal Parolin [ le Secrétaire d’État du Vatican ] devrait se préparer à voir les actions d'aujourd'hui citées comme un précédent légitime lorsque l'IOR [ Institut des Ordres Religieux ], communément appelée la Banque du Vatican, trouvera son indépendance souveraine sous la pression renouvelée d'autres pays ou d'organismes internationaux ».

« Le Pape Benoît XVI a déclaré qu’« une société sans lois est une société sans droits » ; le pur mépris pour la loi montrée ces dernières semaines a semé une moisson amère que le corps diplomatique du Saint-Siège récoltera dans l'avenir ».

Que se passe-t-il ici ? Triste à dire, mais ce n'est qu'une autre indication que la « réforme de la Curie romaine », sans cesse vantée, a simplement remplacé un réseau de cliques curiales par un autre — les cliques qui entourent François et qui influencent ses décisions. Et, comme c'est souvent le cas pour les intrigues de ce genre, il s'agit de « suivre la piste financière ».

Comme le rapporte Life Site News, la piste financière mène directement à la branche Allemande de l'Ordre — Boeselager étant un aristocrate Allemand — et à l'intervention du Cardinal Allemand Reinhard Marx. Le Pape avait nommé une commission pour « enquêter » sur le renvoi de Boeselager — une décision papale que Condon appelle « totalement illégitime » étant donné le statut de l'Ordre comme étant une entité souveraine. Curieux, pour citer Life Site News, quatre membres de la commission de cinq hommes « sont membres de l'Ordre et en allégeance à Boeselager » et « sous sa masse salariale ». Et trois des cinq — Mgr Silvano Tomasi, Marc Odendall et Marwan Sehnaoui — ont participé avec Boeslanger à la gestion d'un legs à l'Ordre de quelque 118 millions de dollars.

Bref, la commission « neutre » n'était qu'un vitrail pour le dépouillement prédéterminé de l'Ordre, à la demande des amis de Boeselager au Vatican, y compris le Cardinal Marx. Life Site News énonce la conclusion malheureuse :

« Le dernier geste par le Pape, dont les indications décrites ci-dessus proviennent des instances du Cardinal Marx, a laissé le Pape sous un mauvais éclairage. Des apparences extérieures, il semble que le Pape François se soucie peu du scandale anti-vie [ note : distribution de préservatifs et d’abortifs ] qui a persisté pendant des années dans l'Ordre. Plutôt, le Pape a tenu compte de la volonté de l'aristocrate argenté et puissant qui a été tenu responsable du scandale ».

Or, bien sûr, les mass media retournent cette débâcle comme une victoire pour François et son groupe de réformateurs contre les « traditionalistes rigides » de l'Ordre. Comme le Times Irlandais l’a chanté dans son titre sur l'affaire : « Le Pape François porte un coup aux « libéraux » de l’Église dans la rangée des préservatifs ... » L'article fait remarquer avec complaisance que François « est peu susceptible de sentir une sympathie énorme pour une organisation dont certains membres combinent un immense privilège « européen » historique et diplomatique à la fois avec la haute finance et la théologie traditionnelle intransigeante ... » — c'est-à-dire le Catholicisme orthodoxe.

Le journaliste ajoute dans son article que « le Cardinal Burke, Patron de l'Ordre, a critiqué bon nombre des réformes possibles de l'enseignement Catholique concernant la famille, le mariage et le divorce discutées aux deux Synodes du Vatican sur la Famille en 2015 et 2016. Il est l'un des Quatre Cardinaux qui ont signé une lettre ouverte à François l'automne dernier remettant en question de nouvelles directives permettant aux prêtres de décider au cas par cas si les croyants divorcés et remariés devraient être capables de recevoir la communion ». En effet, comme le Cardinal Burke a endossé le retrait de Boeslager, la prise de pouvoir éclair par François du même Ordre dont il avait fait Burke le Patron Spirituel — n'y a-t-il rien de plus pressant dans l'ordre du jour du Pape ? — ne peut être vue que comme un retentissant reproche papal au Cardinal ».

Un ancien Ordre chevaleresque avec le statut de souveraineté politique, conduisant ses propres affaires internes, discipline de façon appropriée un subordonné impliqué dans une violation flagrante continue de l'enseignement infaillible de l'Église sur le mal intrinsèque de la contraception. Mais le Pape, ignorant le scandale, procède immédiatement à la destruction de la souveraineté de l'Ordre, datant de son rôle dans la défaite de l'Islam à Lépante, uniquement parce que le subordonné capricieux avait de puissants amis au Vatican. Le défenseur de l'enseignement de l'Église est puni et son organisation essentiellement saccagée tandis que celui qui a violé l'enseignement de l'Église est récompensé avec une justification totale par un fiat papal.

Un esprit croissant de l'anarchie s'élève dans la communauté de l'Église alors que les prophéties de Fatima approchent de leur achèvement dramatique.

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