jeudi 31 août 2017

Le Cardinal Sarah sur la liturgie
Un diagnostic candide
suivi d'une prescription fatale






par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Centre de Fatima
Le 30 août 2017

Dans un article récent sur l'état de la liturgie dans le journal français La Nef, le Cardinal Robert Sarah, le Préfet désormais neutralisé de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, présente les aveux « conservateurs » habituels de la catastrophe liturgique qui s'est déroulée depuis la « réforme liturgique » post—Vatican II qui a été forcée sur l'Église. Les aveux habituels sont suivis par le refus habituel « conservateur » d'admettre que la « réforme » était une erreur catastrophique qui devrait être abandonnée en faveur d'un retour à la Tradition liturgique. Pire encore, le Cardinal Sarah prescrit un remède qui serait pire que la maladie.

L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

Tout d'abord, les aveux. En invoquant le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI, qui « a libéré » la Messe Latine Traditionnelle de son faux emprisonnement sous le prétexte frauduleux que Paul VI l'avait « interdit », le Cardinal Sarah déclare : « Loin de viser seulement la question juridique du statut de l'ancien missel romain, le Motu proprio pose la question de l'essence même de la liturgie et de sa place dans l’Église. Ce qui est en cause, c'est la place de Dieu, le primat de Dieu ».

Le Cardinal n'a-t-il aucune idée de ce qu'il a admis ? Il a implicitement déclaré que la place même et la primauté de Dieu exigeaient la libération de la Messe Latine Traditionnelle, ce qui, triste à dire, est néanmoins réduit à ce qu'on appelle maintenant « la Forme Extraordinaire ». Qu'est-ce que cela dit à propos de la nouvelle liturgie, la soi-disant « Forme Ordinaire » créée par un comité après le Concile — la seule innovation de cette nature dans toute l'histoire de l'Église ?

Le Cardinal Sarah nous dit ce que ça dit, à savoir : « Voilà donc ce que la Forme Ordinaire doit redécouvrir avant tout : la primauté de Dieu ». Alors, la nouvelle liturgie, et non la Messe Traditionnelle, n'a pas la primauté de Dieu ! Cela étant, pourquoi, au nom du Ciel, ne devrions-nous pas admettre que c'est un échec catastrophique ? Quand, dans toute l'histoire bimillénaire de l'Église, la liturgie n'a-t-elle pas réfléchi à la primauté de Dieu ? Ce n'est que depuis Vatican II, lorsqu'un nouveau rite de Messe a été littéralement fabriqué par un comité et ensuite imposé à l'Église, seulement pour se désintégrer rapidement sous le poids de mille options et d’abus.

Avec tout le respect dû au Cardinal, il est difficile de se retenir de rire quand on lit les éléments suivants :

« Je suis persuadé que la liturgie peut s'enrichir de ces attitudes sacrées qui caractérisent la Forme Extraordinaire, tous ces gestes qui manifestent notre adoration de la Sainte Eucharistie : garder les mains jointes après la Consécration, faire la génuflexion avant l'élévation, ou après le Per ipsum, communier à genoux, recevoir la communion sur la langue en se laissant nourrir comme un enfant, comme Dieu lui-même le demande : « Car c'est moi, le Seigneur ton Dieu, qui t'ai retiré d'Égypte, Ouvre grand la bouche, et je la remplirai » (Ps 81, 11).

Quand le regard sur Dieu n'est pas déterminant, tout le reste perd son orientation » nous dit Benoît XVI. L’inverse est vraie : quand on perd l'orientation du cœur et du corps vers Dieu, on cesse de se fixer par rapport à lui, littéralement, on perd le sens de la liturgie ».

Donc, le Cardinal est « persuadé » que ce serait une bonne idée si la nouvelle Messe présentait « les attitudes sacrées qui caractérisent la Forme Extraordinaire », comme en témoignent « tous ces gestes qui manifestent notre adoration de la Sainte Eucharistie », qui font toutes parties intégrantes de la Messe Traditionnelle, car sans ces attitudes et ces gestes « on perd le sens de la liturgie ».

Peut-il y avoir un acte d'accusation implicite plus dévastateur du « renouveau liturgique » que l'observation selon laquelle son manque d'attitudes et de gestes sacrées a causé une perte du sens même de ce qu’est la liturgie ?

Mais vient ensuite la prescription — franchement — ridicule pour le désastre liturgique ainsi admis : « Puisqu'il y a continuité profonde et unité entre les deux formes du Rite Romain, alors nécessairement les deux formes doivent s'éclairer et s'enrichir mutuellement ».

Quoi ? Comment peut-il y avoir une « continuité et une unité profondes » entre la Messe Traditionnelle et la Nouvelle Messe où, comme le reconnaît le Cardinal lui-même, la Nouvelle Messe doit « redécouvrir ... la primauté de Dieu », elle manque « d'attitudes sacrées qui caractérisent la Forme Extraordinaire » et a conduit à une situation dans laquelle « on perd littéralement le sens même de ce qu’est la liturgie » ?

De plus, comment la Nouvelle Liturgie et la Messe Traditionnelle peuvent-elles « s'enrichir mutuellement » quand la Nouvelle Liturgie, comme le reconnaît le Cardinal lui-même, est désacralisée et appauvrie par rapport à la Liturgie Traditionnelle ? L’affirmation de la continuité et de l’unité est manifestement insoutenable. Jamais auparavant, dans l'histoire de l'Église, une nouvelle liturgie n'a été inventée à partir de rien. Tous les Rites reçus et approuvés par l'Église au cours des siècles ont été Traditionnels — c'est-à-dire transmis — il n’y a eu pas de nouvelles créations. La situation que le Cardinal décrit ne peut être appelée qu’une rupture. En effet, comme le Cardinal « conservateur » Ratzinger, Benoît XVI, appelle l'imposition du Nouveau Missel « une rupture de l'histoire de la liturgie dont les conséquences ne peuvent être que tragiques ».

Et pourtant, assez incroyablement, le Cardinal Sarah recommande qu’« avec l’aide de l’Esprit Saint, nous examinions, dans la prière et l’étude, comment retourner à un rite commun réformé, toujours avec cette finalité d’une réconciliation à l’intérieur de l’Église » Il dit que ça exige « une harmonisation des calendriers liturgiques » ainsi qu’« une convergence des lectionnaires », ce qui signifie que la Messe Traditionnelle serait soumise à la destruction folle du calendrier liturgique Traditionnel que même le Cardinal Ratzinger déplorait :

« L'une des faiblesses de la réforme liturgique postconciliaire peut sans aucun doute être attribuée à la stratégie de sofa des académiciens, élaborant des éléments sur papier qui, en fait, présupposeront des années de croissance organique. L'exemple le plus flagrant de cela est la réforme du calendrier : les responsables n'ont tout simplement pas compris combien les diverses fêtes annuelles avaient influencé la relation des personnes Chrétiennes avec le temps (...) ils ont ignoré une loi fondamentale de la vie religieuse ».

En somme, la prescription du Cardinal Sarah pour la catastrophe liturgique est de combiner la nouvelle liturgie qui a causé la catastrophe pendant que la liturgie Traditionnelle a échappé à ses ravages. Si le Cardinal était un médecin soignant un patient, sa licence pour pratiquer la médecine serait assujettie à une révocation de prescrire des médicaments mortels.

Telle est la crise sans précédent dont l'Église souffre maintenant : même ceux qui voient la crise sont aveugles — ou se sont aveuglés — à ses causes. Il ne fait aucun doute que le aveuglement même des pasteurs fait partie de ce que prédit le Troisième Secret intégral.

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