mercredi 13 septembre 2017

Le Cardinal Müller

« On a donné la priorité au pouvoir
et non à la croyance Chrétienne dans l'Église »




Rédigé par : Dr Maike Hickson

SOURCE : One Peter Five
Le 13 septembre 2017



Gloria von Thurn und Taxis, une éminente Princesse Catholique Allemande qui appuie les causes Catholiques Orthodoxes en Allemagne, accueilli vendredi dernier le Cardinal Gerhard Müller — l'ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi — au Reiss-Engelhorn-Museen à Mannheim, en Allemagne, à l'occasion du lancement de son nouveau livre sur la papauté (Le Pape — Mission et Mandat). L'Archevêque Georg Gänswein, ainsi que le Prélat Wilhelm Imkamp — le directeur du site de pèlerinage Maria Vesperbild (Augsbourg) — ont également participé au lancement du livre qui a pris la forme d'une discussion publique modérée par Christoph Markschies, un historien de l'Église Protestante.

Au cours de cette session, le Cardinal Müller, selon les rapports publiés par le journal Catholique Die Tagespost ainsi que par le journal numérique Allemand Mannheimer Morgen, a fait des déclarations utiles et encourageantes concernant la situation actuelle dans l'Église Catholique. Tout d'abord, en parlant de la papauté, le Cardinal Allemand a précisé qu'une « compétence théologique » profonde et disciplinée doit être le fondement de « l'autorité magistérielle ». Une relation fructueuse entre le Magistère et la théologie dépend d'une bonne formation. Die Tagespost résume ses paroles comme suit :

« Se fier uniquement à l'inspiration du Saint-Esprit dans les questions théologiques ? Une idée effrayante pour le professeur-dogmaticien [Müller]. Müller fait référence ici à l'exemple de Saint Robert Bellarmine (1542-1621) ; il a souligné à Clément VIII (1536-1605), en termes clairs, son manque de compétence théologique ».

Selon le Mannheimer Morgen, Müller a cité les paroles de Saint Robert Bellarmine : « Vous n'avez pas d’idée à ce sujet ! » — ce qu'il avait une fois exprimé avec fermeté au Pape. Le journal continue, en disant : « Cela faisait longtemps. Mais le Cardinal Gerhard Ludwig Müller l'a expressément désigné comme son modèle et, avec joie, il a cité exactement cette phrase. « Le journal indique également qu'il leur était clair que la blessure du récent licenciement de Müller « est encore profonde, très profonde ».

Comme le rapporte le Mannheimer Morgen, le Cardinal Müller a exprimé une forte critique concernant l'état actuel des choses au Vatican :

« Au lieu de la Congrégation [pour Doctrine de la Foi], le Secrétairerie d'État du Vatican est maintenant considérée comme l'institution la plus importante. « Les questions de diplomatie et de pouvoir ont maintenant la priorité, c'est un mauvais développement décisif qui doit être corrigé ». Ça devrait être plutôt la croyance Chrétienne qui devrait être au centre, et le Pape devrait simplement être un « serviteur du salut ».

À titre d'exemple, le Cardinal Müller a nommé la récente visite du Cardinal Pietro Parolin à Moscou et l'impression publique qu'il a faite : les images de Parolin avec Poutine et le Patriarche Kyrill donnent aux yeux de Müller une « optique fatale car on peut tomber ici dans la piège de penser que la religion et la politique sont unes ». Dans les termes de Die Tagespost, Müller a souligné :

« Ça n'a jamais fonctionné lorsque la mission de l'Église rôdait autour [et se concentrait sur] le pouvoir. « Le centre de la papauté n'est pas le Pape lui-même, mais la Foi Chrétienne ». Il [Müller] souhaiterait « une préparation théologique plus claire des documents [officiels] ».

L'Archevêque Gänswein, Préfet de la Maison pontificale, a également pris la parole lors de cette discussion publique. Il ne semblait pas s'opposer à aucune des critiques polies mais solides du Cardinal Müller. Comme le dit le Mannheimer Morgen : « De lui [Gänswein], il ne s'agit ni d'une critique de Müller, ni d'une distanciation de lui ». Selon le Tagespost, Gänswein a déclaré : « Je ne vois pas que les Catholiques soient tombés de leur unité avec le Pape . Si les Cardinaux critiquent les déclarations et la conduite du Pape — qu'est-ce qui est si grave à ce sujet ? » Il a également souligné que le Pape lui-même a invité la liberté d'expression. « Qu’un Cardinal ou un autre soit d'une autre opinion, le ministère papal doit le supporter » selon les paroles résumées par le Tagespost. Gänswein a également ajouté que, pendant toute l'histoire de l'Église, les Cardinaux ont parfois critiqué sévèrement les Papes. Il a dit :

« Je ne vois pas cela comme une critique du ministère papal, mais une critique de certaines déclarations qui ont peut-être été mal comprises par des personnes — aussi en dehors de l'Église.

Ces paroles émises par l'homme qui sert également de Secrétaire personnel du Pape Émérite Benoît XVI pourraient très bien aussi être lues maintenant dans le contexte du récent licenciement du professeur Josef Seifert par son Archevêque à Grenade en Espagne, faisant une référence désapprobatrice explicite à la critique polie de Seifert contre Amoris Laetitia, mais aussi dans le contexte des Quatre Cardinaux des dubia et de leurs propres questions polies et directes au Pape.

Dans le même ordre d'idées, le Prélat Imkamp, lui-même un historien érudit — il a travaillé pendant un certain temps pour le Professeur Walter Brandmüller à l'Université d'Augsbourg — a également fait quelques commentaires utiles. C'est-à-dire qu'il valorise lui-même les débats Catholiques parmi les Prélats de haut rang, selon le Tagespost :

« Le Collège des Cardinaux n'est pas un Bureau Politique [ à connotation communiste ici ], mais le « plus bel exemple pour le principe de fonctionnement synodal dans l'Église Catholique ». Ça a toujours été le « lieu privilégié des désaccords » ; « Les Cardinaux ont toujours défié chaque et chacun des Papes ». Dans tous les pontificats des 500 dernières années, on voyait des Cardinaux individuels qui avaient des différends entre eux — certains d'entre eux étaient des désaccords intenses.

Peut-on oser voir ici les premiers signes d'une défense polie et de principe des dubia des Quatre Cardinaux — et aussi du soutien du Cardinal Müller lui-même — ainsi que des laïcs qui ont soulevé de sérieuses questions concernant la papauté du Pape François ? Et pouvons-nous oser voir ici aussi les premiers signes d'une conviction et d'un courage grandissants dans le Cardinal Müller lui-même pour parler tout haut comme son statut de Cardinal qui l'appelle justement à défendre la Foi Catholique ?

Aucun commentaire:

Publier un commentaire