jeudi 12 octobre 2017

Rétractez-vous !
Une réponse à l'hérésie Luthérienne du Pape François




Rédigé par : Paolo Pasqualucci

SOURCE : One Peter Five
Le 11 octobre 2017


Note de la rédaction : Ce qui suit provient de Paolo Pasqualucci, professeur retraité de philosophie du droit à l’Université de Pérouse, Italie.

Il est impossible d'oublier l'éloge hautement stupéfiant de la personnalité et de la Doctrine de Martin Luther, mérité par pas moins qu'un pontife romain, c'est-à-dire le Pape François, au cours d'un de ses discours impromptus habituels. Conversant en Italien et en Espagnol avec les journalistes accrédités alors qu'il revenait d'Arménie, il a répondu à une question sur la relation entre l'Église Catholique et le monde Luthérien de la façon suivante :

« Je crois que les intentions de Martin Luther n’étaient pas erronées : c’était un réformateur. Peut-être certaines méthodes n’étaient-elles pas justes, mais à l’époque, si nous lisons l’histoire du Pasteur, par exemple, un Allemand Luthérien qui s’est converti ensuite quand il a vu la réalité de ce temps, et est devenu Catholique – nous voyons que l’Église n’était pas forcément un modèle à imiter : il y avait de la corruption dans l’Église, il y avait de la mondanité, il y avait de l’attachement à l’argent et au pouvoir. Et pour cela, il a protesté. Ensuite, il était intelligent, et il a fait un pas en avant en expliquant pourquoi il faisait cela.

Et aujourd’hui, les Luthériens et les Catholiques, avec tous les Protestants, nous sommes d’accord sur la Doctrine de la justification : sur ce point si important, lui ne s’était pas trompé. Il a fabriqué un « médicament » pour l’Église, ensuite ce médicament s’est consolidé dans un état de choses, dans une discipline, dans une manière de croire, dans une manière faire, de façon liturgique. Mais il n’y avait pas que lui : il y avait Zwingli, il y avait Calvin. Et derrière eux, qui y avait-il ? Les Princes, « cuius regio eius religio ». Nous devons nous mettre dans le contexte historique de cette époque-là. C’est une histoire pas facile à comprendre, pas facile [.] ...

Puis, les choses ont continué. Aujourd’hui, le dialogue est très bon et ce document sur la justification, je crois qu’il est l’un des documents œcuméniques les plus riches, l’un des plus riches et des plus féconds. Êtes-vous d’accord ? Il y a des divisions, mais elles dépendent également des Églises [.] [1] .

Ce genre de scandale — un Pape exprimant la louange et même son admiration pour un hérétique condamné — devait se produire après l'accord officiel conclu (après plusieurs années de « dialogue » mutuelle) entre Catholiques et Luthériens sur la Doctrine de la justification. Un accord sur cette question délicate ou une Déclaration conjointe sur la Doctrine de la justification par la Fédération Luthérienne Mondiale et l'Église Catholique a été signée le 31 octobre 1999.

L'existence d'un tel accord implique que Luther n’avait fait aucune erreur dans sa Doctrine de la justification — Martin Luther, le grand hérétique, l'un des plus farouches ennemis de l'Église Catholique qui ne soit jamais apparu sur Terre ! Mais maintenant, après 500 ans, nous comprenons que sa Doctrine « sur le point très important de la justification » semble être aussi bonne au point d’être adoptée de facto dans la Déclaration Commune elle-même !

La Déclaration conjointe honteuse est un document incroyable, quelque chose sans doute unique dans toute l'histoire de l'Église Catholique, la seule et véritable Église du Christ. On nous dit maintenant qu'il y a des articles de Foi que nous partageons avec les hérétiques Luthériens, sur les mêmes sujets que les Luthériens ont mal interprétés et déformés depuis 500 ans. Bien sûr, il reste des différences mutuelles, nous dit la Déclaration, mais elles sont évidemment minimisées. Comme elles contredisent carrément le contenu des différentes « déclarations communes » dispersées dans le document, elles sont laissées à pourrir dans la cave, pour ainsi dire, alors que les anciennes condamnations sont dévaluées à de simples « avertissements salutaires que nous devons garder dans notre enseignement et notre pratique » [2] !

Regardons quelques-uns des principes Luthériens partagés par cette Déclaration.

Au §3, traitant de la compréhension commune de la justification, nous lisons au numéro 15 :

« Nous confessons ensemble : c’est seulement par la grâce au moyen de la Foi en l’action salvifique du Christ, et non sur la base de notre mérite, que nous sommes acceptés par Dieu et que nous recevons l’Esprit Saint qui renouvelle nos cœurs, nous habilite et nous appelle à accomplir des œuvres bonnes. [3] .

Au même paragraphe, au numéro 17 : il est conjointement déclaré que :

« l’agir salvateur de Dieu en Christ : il nous dit que, pécheurs, nous ne devons notre vie nouvelle qu’à la miséricorde de Dieu qui nous pardonne et fait toute chose nouvelle, une miséricorde qui nous est offerte et est reçue dans la Foi et que nous ne pouvons jamais mériter sous quelque forme que ce soit ». [4] .

Enfin, il y a le §4.1, sur l'impuissance humaine et le péché en relation avec la justification, au numéro 19, où il est déclaré conjointement, comme si ça pouvait être tout à fait évident pour nous les Catholiques, que « La justification est opérée par la grâce seule de Dieu » [5] .

En ce qui concerne les bonnes œuvres, la Déclaration proclame, au § 4.7, intitulé Les Bonnes Œuvres des Justifiés, au numéro 37 :

« Nous confessons ensemble que les bonnes œuvres – une vie Chrétienne dans la Foi, l’Espérance et l’Amour – sont les conséquences de la justification et en représentent les fruits ». [6]

Cette dernière phrase semble contredire les vérités définies par le Concile de Trente, qui a solennellement réaffirmé le caractère méritoire des bonnes œuvres pour la vie éternelle, compte tenu du fait que, selon l' Écriture Sainte, elles concourent nécessairement à l'obtenir.

Tout cela considéré, on ne peut pas s'étonner de la proclamation dévastatrice du Pape François selon laquelle « sur ce point très important, Luther ne s'est pas trompé ». En effet, s'il ne se trompait pas, sa Doctrine de la justification était correcte. Si elle était théologiquement correcte, alors Luther était dans le droit — tellement dans le droit que cette Doctrine qui est la sienne est aujourd'hui clairement reconnue par la Déclaration Commune.

Pouvons-nous accepter cela ? Non. En tant que Catholiques, comme milites Christi [ soldats du Christ ], il est de notre devoir de proclamer que cette profession de foi commune avec les Luthériens contredit ouvertement la vraie Doctrine de la justification solennellement définie par le Concile dogmatique de Trente. À la fin de son décret sur la justification, le 13 Janvier 1547, nous trouvons 33 canons qui récapitulent la Doctrine et infligent les anatemata qui leur sont associés.

Le Canon no. 9, condamnant l'hérésie de la justification par la sola fide[ la seule foi ]:

SI QUELQU'UN dit, que l'homme est justifié par la seule Foy, en sorte qu'on entende par là, que pour obtenir la grâce de la Justification, il n'est besoin d'aucune autre chose qui coopère ; & qu'il n'est en aucune manière nécessaire que l'homme se prépare & se dispose par le mouvement de sa volonté : Qu'il soit Anathême.. [7]

Le Canon no. 11, condamnant l'hérésie de la justification liée à la sola gratia[ la seule grâce ] :

SI QUELQU'UN dit, que les hommes sont justifiés, ou par la seule imputation de la justice de Jésus-Christ, ou par sa seule rémission des péchés, faisant exclusion de la Grâce & de la Charité, qui sont répandues dans leurs cœurs par le Saint Esprit, & qui leur est inhérente ; Ou bien que la Grâce par laquelle nous sommes justifiés, n'est autre chose que la faveur de Dieu : Qu'il soit Anathême.[8]

Le Canon no. 24, condamnant l'hérésie selon laquelle les bonnes œuvres ne sont que les fruits ou les conséquences de la justification obtenus par la sola fide et la sola gratia, à l'exclusion absolue de toute coopération de notre part , au moyen de nos bonnes œuvres :

SI QUELQU'UN dit, que la justice qui a été reçue n'est pas conservée & augmentée aussi devant Dieu, par les bonnes œuvres, mais que ces bonnes œuvres sont les fruits seulement de la Justification, & les marques qu'on l'a reçues, et non pas une cause qui l'augmente : Qu'il soit Anathême.[9]

Le « quelqu’un » anonyme dont les opinions hérétiques sont ici condamnées comprend évidemment Luther et tous ceux qui partagent et partageront ses opinions sur ces questions. À en juger par les résumés cités ci-dessus, ne faut-il pas considérer que la déclaration commune semble être tout à fait claire dans son raisonnement Lutherana mente [ d’un esprit Luthérien ] ?

Sur cette Déclaration épouvantable, il y a beaucoup plus à dire, mais ici je veux seulement faire ce dernier point : nous ne pouvons pas oublier que cette Déclaration conjointe est le résultat final d'un « dialogue » entretenu avec les Luthériens au cours des dernières décennies avec l'encouragement et l'approbation du Pape Jean Paul II, du Cardinal Joseph Ratzinger, et après le Pape Benoît XVI. Pour autant que je sache, ils n'ont jamais rien trouvé de mal dans les déclarations communes de la Déclaration conjointe ! D'autre part, ils ont souvent attribué à Martin Luther une « religiosité profonde » et une « spiritualité centrée sur le Christ » [10] !

Malgré cela , nous allons poser une question humble et simple : Est –ce que la louange publique du Pape François de la Doctrine de Luther sur la justification, formellement condamnée comme hérétique par l'Église, doit être considérée comme hérétique aussi ?

En fait, déclarant au monde entier que Luther « ne se trompe pas » dans sa Doctrine de la justification sola fide et sola gratia, le Pape François nous oblige à tirer la seule conclusion possible, conformément à la logique élémentaire : la Doctrine de Luther doit être juste, étant donné le fait qu’en soi elle n'est pas fausse. Mais si la Doctrine Luthérienne est juste, alors l'hérésie est faussement changée en doctrine juste et nous devons conclure que le Pape François souscrit à ce que l'Église a condamné comme hérésie pendant 500 ans.

Mais aucun Pape ne peut approuver une hérésie. Par ordre divin ( Luc 22:32 : « Mais j'ai prié pour toi, afin que la foi ne vienne pas à te manquer. Et quand tu seras revenu à moi, fortifie tes frères » ), le souverain pontife a le devoir de maintenir et de défendre la depositum fidei ; il ne peut tout simplement pas le modifier ni l’altérer, pas plus qu'il n'est autorisé à prétendre qu'il n'existe pas. Par conséquent, il ne peut tout simplement pas professer ou partager des errores in fide ou des haereses, même pas en tant que « théologien privé. » Si un tel événement honteux se produit, le clergé et les fidèles sont moralement tenus de lui demander de se rétracter publiquement et de réaffirmer le droit et la Doctrine pérenne de l'Église — comme cela s'est produit au XIVe siècle avec le Pape Jean XXII.

Contre la croyance dominante, le Pape Jean XXII qui vieillissait a soudainement commencé à prêcher dans ses sermons que les âmes des beati [ bienheureux ] devaient attendre le jour du Jugement Dernier avant d’être admis au beatifica visuo [ vision béatifique ]. Après de longues discussions publiques passionnées et même violentes, initialement promues par le Pape lui-même, il a rétracté son opinion devant trois Cardinaux peu de temps avant sa mort. Son successeur, le Pape Benoît XII, avec la Constitution Apostolique Deus Benedictus, le 29 janvier 1336 a défini la Doctrine de la vision immédiate comme la seule et unique Doctrine à croire par tous les Chrétiens [11] .

Jean XXII a rétracté son opinion personnelle imprudente sur une question qui n'avait pas encore été formellement définie comme un article de Foi par l'autorité suprême de l'Église. Il avait proposé, mais pas imposé une nouvelle Doctrine qui a été à la fin rejetée comme erronée par la grande majorité des Catholiques. L'exemple célèbre et solitaire de Jean XXII — d'une rétractation papale — nous sert de véritable précédent, et surtout en ce sens : qu'un Pape doit réprouver ses mauvaises interprétations de la Doctrine, même si elle est propagée par lui en tant que simple « théologien privé ».

Mais Jean XXII n'a jamais fait l'éloge des hérésies déjà formellement condamnées par l'Église, comme l'a fait le Pape François. Il semble que ses louanges imprudentes et inacceptables à l'hérésie de Luther n'aient aucun précédent dans l'histoire de l'Église.

En effet, grâce à ses remarques impromptues, le Pape François a lourdement endommagé l'autorité de tout le Magistère de l'Église aux yeux de l'opinion publique mondiale. Si Luther n'avait pas tort, qui l’était ? Quelqu'un a sûrement eu tort dans ce chaos grand et tragique connu sous le nom de schisme Luthérien. Déclarer que l'hérésiarque n'a pas tort implique que tous ceux qui l'ont condamné comme hérétique formel l’étaient — à savoir les trois Papes qui l'ont excommunié ainsi que le Concile dogmatique de Trente. Dire que Luther « n'a pas eu tort » alors, signifie simplement contredire cinq cents ans de Magistère de l’Église, sapant l'autorité de ce même Magistère, qui serait coupable (nous le comprenons maintenant) d’avoir condamné pendant cinq siècles un juste, un très religieux, une personne centrée sur le Christ que Luther était censé être.

À ce stade, quelqu'un pourrait peut-être poser la question suivante : Est-il légitime de dire que celui qui partage ouvertement une hérésie connue se révèle être un hérétique lui-même ?

Oui absolument. Celui qui approuve dans son esprit les erreurs professées par un hérétique connu devient son complice moralement et spirituellement parlant. Lorsque nous approuvons quelque chose — action ou notion — étant pleinement conscients de ce que nous faisons, cela devient le nôtre. L'opinion étrangère que je partage librement devient la mienne, d'abord dans mon esprit et ensuite aux yeux du monde si j'informe le public de cette approbation qui est mienne.

Une autre objection pourrait être la suivante : Les déclarations particulières du Pape François ont été émises au cours d’une conversation, par conséquent, elles ne possèdent pas de valeur magistérielle d’un « théologien privé ». Pourquoi ne les ignorons-nous pas ?

Il est vrai que les déclarations multiformes du Pape François en tant que « théologien privé » n'ont aucune valeur magistérielle. Cependant, puisqu'elles traitent presque toujours des aspects pertinents de notre Foi et de notre morale, il n'est pas possible de les ignorer. L'inclinaison hétérodoxe qu'elles montrent souvent a un effet profondément négatif sur les fidèles. Le fait est qu'un Pape, même quand il est en entrevue en tant que particulier, ne peut jamais être considéré comme une simple personne privée. Même quand il ne parle pas ex cathedra, un Pape est toujours le Pape, dans le sens où chaque phrase qui lui est propre est toujours étudiée et pesée comme si c’était prononcée ex cathedra. Le Pape incarne toujours une autorité supérieure : il est l'autorité par excellence, étant l'autorité d'une institution (le Pontificat) qui représente dans ce monde pas moins que l'autorité Divine et les pouvoirs surnaturels de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Il n'est donc pas acceptable pour le Pape François, même en tant que « théologien privé », en privé ou en public, de louer et d'exalter des hérésies bien connues, formellement condamnées par le Magistère de l'Église.

Pour le salut de sa propre âme et de la nôtre, afin d'éviter la colère légitime de Dieu sur nous tous et pour réparer l'offense infligée à l'honneur de Notre-Seigneur, le Pape François devrait publiquement rétracter ses déclarations imprudentes dès que possible et répéter ainsi que confirmer la condamnation solennelle du Luthéranisme sous tous ses aspects.



Remarques

[1] en vol Conférence de presse de Sa Sainteté le Pape François de l' Arménie à Rome, vol du Pape, le dimanche 26 Juin 2016, w2.vatican.va, p. 8/12. L'accent est ajouté. Le Pape parlait en italien. Le présent article est ma propre traduction non littérale en anglais d'un article plus long, à l' origine publié par moi en italien sur le iterpaolopasqualucci.blogspot.ie blog le 23 Septembre 2017 et par la suite par Maria Guarini sur son blog le 26 Chiesaepostconcilio.blogspot.ie Septembre 2017. Le texte anglais a été contrôlé par 1Peter5 staff.

[2] Déclaration commune sur la Doctrine de la justification, www.vatican.va , §5, L'importance et la portée du consensus auquel sont parvenus, non. 42, p. 10/20. L'accent est ajouté.

[3] Ibidem, p 20/04. L'accent est ajouté.

[4] Ibidem, p 20/05. L'accent est ajouté.

[5] Ibidem, p 20/05. L'accent est ajouté.

[6] Ibidem, p 20/09. L'accent est ajouté. La notion de « bonnes œuvres » évoquée ici semble vague.

[7] L'Encyclopédie Catholique, www.thecounciloftrent.com/ch6.htm , p. 10/16. Voir aussi : DS 819/1559.

[8] Ibidem. Voir aussi : DS 821/1561.

[9] Op. cit., p 11/18. Voir aussi : DS 834/1574.

[10] Voir Jean-Paul II, lettre du 31 octobre 1983 (w2.vatican.va, lettres de Jean-Paul II, 1983) ; discours du 22 juin 1996 (w2.vatican.va, discours de Jean-Paul II, 1996). Et aussi Benoît XVI, discours au couvent d'Erfurt (w2.vatican.va, discours de Benoît XVI, 2011).

[11] Sur cet argument spécifique voir le Père Jean-Michel Gleize, FSSPX, dans une collection de six courts articles intitulé En Cas de Doute ..., 'Courrier de Rome, Jan 2017, LII, non. 595, p. 9-11. Ces articles traitent de la question doctrinale du « Pape hérétique » (si deprehendatur une Foi Devius). Voir aussi Giovanni XXII, entrée de Enciclopedia Treccani, par Charles Trottman, Il. transl. par Maria Paola Arena, pg 25/45, disponible en ligne. Pour la documentation magistrale : DS 529-531 / 990-991 ; 1000—1002. Benoît XII a également confirmé la croyance traditionnelle selon laquelle les âmes des damnés sont précipités en enfer par Notre Seigneur immédiatement après leur mort (mox post — mortem suam ad inferna descendunt).







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