mercredi 15 novembre 2017

Le Pape François est-il un Protestant libéral ?



Écrit par : Gerald McDermott

Gerald McDermott est titulaire de la Chaire Anglicane de Divinité à la Beeson Divinity School.

SOURCE : First Things

Le 15 novembre 2017



« Le Pape est-il Catholique ? » Pendant au moins un siècle, c'est ainsi que nous, Anglicans, plaisantions à propos de tout ce qui semblait trop évident à dire. Maintenant, nous devons demander avec sérieux si le Pape est un Protestant libéral.

Au début de ce mois, un théologien Américain a démissionné sous la pression de son poste de conseiller théologique à la Conférence des Évêques Catholiques des États-Unis. Qu'est-ce que le Père Thomas Weinandy a fait pour mériter cette réprimande publique ? Il a publié une lettre au Pape en juillet dans laquelle il accusait le Saint-Père de causer une « confusion chronique ». L'Exhortation apostolique du Pape, Amoris Laetitia, est d’un « manque de clarté apparemment intentionnel » sur des questions morales et doctrinales graves. Elle « fait courir le risque de pécher contre l’Esprit Saint, l’Esprit de vérité » et « dévaloriser l’importance de la doctrine de l’Église » en invitant des changements à l'enseignement Catholique traditionnel sur le mariage et le divorce. Le Pape « n’admet pas » la critique et « se moque » de ceux qui ont défié Amoris Laetitia « en les traitant de pharisiens jeteurs de pierres ».

En tant quelqu’un de l’extérieur, je ne peux m'empêcher de me demander si le Pape et la Conférence des Évêques des États-Unis ont été particulièrement provoqués par la suggestion de Weinandy que Jésus avait permis cette controverse afin de « montrer combien la foi de tant de personnes dans l’Église est faible, même parmi trop de ses évêques ». Les Catholiques devront se faire leur propre idée — mais j'admets que j'ai des questions sur la foi du Pape François, qui semble, sinon faible, au moins différente de celle de la Tradition Catholique.

Même avant la sortie d'Amoris Laetitia en mars 2016, François avait amené beaucoup de personnes à s'interroger sur sa fidélité à cette Tradition. En 2014, le rapport de mi-parcours du Synode extraordinaire sur la Famille a recommandé que les pasteurs soulignent les « aspects positifs » de la cohabitation et du remariage civil après le divorce. Le Pape a aussi dit que la multiplication des pains et des poissons de Jésus était vraiment un miracle de partage, pas de multiplication (2013) ; il a dit à une femme dans un mariage invalide qu'elle pouvait recevoir la Sainte Communion (2014) ; il a affirmé que les âmes perdues ne vont pas en enfer (2015) ; et il a dit que Jésus avait supplié ses parents de le pardonner (2015). En 2016, il a déclaré que Dieu avait été « injuste avec Son Fils » ; il a annoncé son intention de construire une société « qui place la personne humaine au centre » et a déclaré que l'inégalité est « le plus grand mal qui existe ». Il a dit en plaisantant qu'« à l'intérieur de la Sainte Trinité, ils se disputent à huis clos, mais à l'extérieur, ils donnent l'image de l'unité ». Jésus Christ, a-t-dit, « s'est fait diable ». « Aucune guerre n’est juste » a-t-il prononcé. À la fin de l'histoire du monde, « tout sera sauvé. Tout ».

Weinandy et d'autres critiques Catholiques ont souligné des déclarations et des suggestions alarmantes dans Amoris Laetitia même. L'Exhortation déclare : « Personne ne peut être condamné à jamais, car ce n'est pas la logique de l'Évangile ! » En décembre 2016, les philosophes Catholiques John Finnis et Germain Grisez ont soutenu dans leur « Misuse of Amoris Laetitia » [ mauvaise interprétation d’Amoris Laetitia ] que cette déclaration reflète une tendance parmi les penseurs Catholiques issus de Karl Rahner et Hans Urs von Balthasar et qu’elle contredit les déclarations claires des Évangiles et l'enseignement de la Tradition Catholique selon laquelle il y a « une punition sans fin » en enfer. Finnis et Grisez soutiennent que, selon la logique d'Amoris Laetitia, certains des fidèles sont trop faibles pour respecter les Commandements de Dieu, et peuvent vivre dans la grâce tout en commettant des péchés continus et habituels « en matière grave ». Comme Joseph Epetopal, Joseph Fletcher, qui a enseigné l'éthique de situation dans les années 1960, l'Exhortation suggère qu'il y a des exceptions à chaque règle morale et qu'il n'existe pas d'acte intrinsèquement mauvais.

Je ne prends pas plaisir aux travaux de Rome. Pendant des décennies, les Anglicans orthodoxes et d'autres Protestants cherchant à résister aux apostasies du Christianisme libéral se sont tournés vers Rome pour un soutien moral et théologique. La plupart d'entre nous ont reconnu que nous étions vraiment en train de combattre la révolution sexuelle qui avait corrompu l'Église Épiscopale et son parent de l'autre côté de l'Atlantique. D'abord, c'était le caractère sacré de la vie et de l'euthanasie. Ensuite, ce fut la pratique homosexuelle. Maintenant, c'est le mariage homosexuel et l'idéologie transgenre. Pendant les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI, nous autres non-Catholiques qui soutenions la théologie morale, nous pouvions évoquer des arguments savants et convaincants venant de Rome et disant : « La plus importante et la plus grande partie du Corps du Christ est d'accord avec nous et elle le fait avec une sophistication remarquable ».

Ceux d'entre nous qui continuent de se battre pour l'orthodoxie, dans la théologie dogmatique aussi bien que morale, s’ennuient de ces jours où il y avait une claire lumière qui brillait de l'autre côté du Tibre. Pour l'instant, il semble que Rome elle-même ait été infiltrée par la révolution sexuelle. Le centre ne tient pas.

Bien que nous soyons consternés, nous ne devons pas désespérer. Car la position courageuse et fondée sur les principes de Tom Weinandy nous rappelle que Dieu élève des lumières prophétiques lorsque des jours sombres viennent à son Église.

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