mardi 13 juin 2017

LETTRE DE SAINT IGNACE D'ANTIOCHE AUX ROMAINS


« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi »

Vous n’avez jamais jalousé personne et vous avez enseigné les autres. Moi, je veux que les prescriptions de votre enseignement gardent leur vigueur. Demandez seulement pour moi la force intérieure et extérieure, afin que je n’aie pas seulement la parole, mais la volonté ; afin que je n’aie pas seulement la réputation d’être chrétien, mais la réalité. Si j’en ai la réalité, alors je pourrai en avoir la réputation et être un vrai croyant, quand je ne serai plus visible pour le monde. Rien de ce qui se fait voir n’est bon. Ainsi notre Dieu Jésus Christ se manifeste davantage maintenant qu’il est retourné au Père. Et quand le christianisme est haï par le monde, on voit bien qu’il n’est pas une œuvre de persuation humaine, mais de puissance divine.

Quand à moi, j’écris à toutes les Églises et je dis à tout le monde que je mourrai volontiers pour Dieu, si du moins vous-mêmes ne m’en empêchez pas. Je vous en supplie, n’ayez pas envers moi une bienveillance malencontreuse. Laissez-moi devenir la pâture des bêtes, grâce auxquelles on peut rejoindre Dieu. Je suis le froment de Dieu et je serai moulu par la dent des bêtes pour qu’on reconnaisse en moi le pain très pur du Christ.

Flattez plutôt les bêtes pour qu’elles deviennent mon tombeau, qu’elles ne laissent rien de mon corps et qu’après ma mort je ne sois une charge pour personne. C’est alors que je serai vraiment disciple de Jésus Christ, lorsque le monde ne verra même plus mon corps.

Implorez le Christ pour moi, afin que par l’action des bêtes je sois une victime offerte à Dieu. Je ne vous donne pas des ordres, comme Pierre et Paul. Ils étaient des Apôtres, et je suis un condamné ; ils étaient libres, et je suis un esclave jusqu’à présent. Mais si je souffre, je deviendrai un affranchi de Jésus Christ et je ressusciterai libre en lui. Enchaîné pour le moment, j’apprends à ne rien désirer.

Depuis la Syrie jusqu’à Rome, je combats contre les bêtes, sur terre et sur mer, nuit et jour, enchaîné à dix léopards, c’est-à-dire à un détachement de soldats. Quand on leur fait du bien, ils deviennent pires. Par leurs mauvais traitements je deviens davantage un disciple, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste. Je voudrais profiter des bêtes qui sont préparées pour moi et je souhaite qu’elles m’expédient rapidement. Et je les flatterai pour qu’elles me dévorent sans tarder, contrairement à certains qu’elles n’ont pas osé toucher. Et si elles montrent de la mauvaise volonté, moi je les forcerai. Pardonnez-moi : je sais ce qu’il me faut. C’est maintenant que je commence à être un disciple. Que rien, parmi les êtres visibles ou invisibles, ne m’empêche par jalousie de rejoindre le Christ. Supplice du feu, croix, combats de bêtes, lacérations, écartèlement, dislocation des os, mutilation des membres, broiement de tout le corps, que tous les supplices du diable viennent sur moi, pourvu seulement que j’atteigne Jésus Christ.

SOURCE : AELF

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