mercredi 23 août 2017

Le Cardinal Burke
« Le Pape n'est pas une idole »




par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Fatima Network Perspectives
Le 22 août 2017

Dans ma chronique du 18 août, j'ai discuté d'une allocution véritablement historique du célèbre théologien, le Père Aidan Nichols, dans laquelle il a suggéré que, compte tenu de la crise provoquée par Amoris Laetitia, une nouvelle procédure canonique pourrait être nécessaire pour traiter un Pape en erreur doctrinale. Au cours de cette allocution, le Père Nichols a déclaré que « ce n'est pas la position de l'Église Catholique Romaine qu'un Pape soit incapable de détourner les gens par un faux enseignement en tant que docteur public ... Il peut être le Suprême Juge d'Appel de la Chrétienté ... mais cela ne l'empêche pas de commettre des gaffes doctrinales ».

Bien que le Pape ne soit évidemment pas à l'abri de l'erreur dans ses énoncés, comme l'illustre l'exemple historique de Jean XXII, lorsque le Pape dépasse les limites strictes de l'infaillibilité pontificale en proposant ce qu'il en est de ses opinions théologiques personnelles erronées, comme l'a fait Jean XXII, ces opinions, à proprement parler, sont-elles l'enseignement du Vicaire du Christ en tant que tel ?

L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

En réponse à cette question, je pense qu'il vaut la peine d'examiner le point de vue du Cardinal Raymond Burke, exprimé lors d'une récente conférence Catholique au Kentucky, rapportée par Life Site News. Le Cardinal Raymond Burke a énoncé une distinction cruciale concernant la papauté qui a été perdue dans la confusion postconciliaire : la distinction entre les « paroles de l'homme qui est le Pape et les paroles du Pape en tant que Vicaire du Christ sur terre ».

En appliquant cette distinction à la papauté calamiteuse — on doit le dire — le Cardinal Burke a expliqué à son auditoire que « le Pape François a choisi de parler souvent dans son premier corps, le corps de l'homme qui est Pape. En fait, même dans des documents qui, par le passé, ont représenté un enseignement plus solennel, il déclare clairement qu'il n'offre pas d'enseignement magistériel mais sa propre pensée »— une référence claire au désastreux Amoris Laetitia (AL).

Le Cardinal a mis en garde contre le danger que posent ceux qui « veulent faire de chaque déclaration du Pape toute une partie du Magistère. Faire cela est contraire à la raison et à ce que l'Église a toujours compris. Il est tout simplement faux et nuisible pour l'Église de recevoir chaque déclaration du Saint-Père comme une expression de l'enseignement ou du magistère du Pape. « Le fidèle ne doit pas succomber, a-t-il précisé, à ce qui pourrait consister en une « idolâtrie de la papauté la plus non Catholique qui soit ».

Cela dit, cependant, il faut aussi dire qu'un Pape n'est pas excusé des conséquences de ses opinions errantes simplement parce que, objectivement parlant, elles ne lient ni ne peuvent lier l'Église. Les Catholiques assis dans les bancs sont en grande partie inconscients de la distinction que le Cardinal trace. Si le Pape dit X, ils assument simplement qu'il s'agit d'un enseignement papal authentique sans tenir compte de sa forme, de son contexte ou de sa continuité avec l'enseignement de tous les Papes antérieurs. Ceci est particulièrement vrai où, dans le cas de François, ce que le Pape dit est réputé agréables pour calmer les démangeaisons des Catholiques nominaux qui rejettent l'enseignement infaillible de l'Église sur des questions telles que le divorce et le remariage. En effet, l'applaudissement sans fin du monde pour « la révolution de François » démontre les conséquences désastreuses des opinions papales se présentant faussement comme le Magistère authentique.

Néanmoins, la distinction du Cardinal entre le Vicaire du Christ et la personne du Pape est essentielle pour éviter une situation dans laquelle, lorsque la personne du Pape prononce quelque chose contraire à l'enseignement constant des Vicaires du Christ, ceux qui savent ce que l'Église enseigne vraiment « perdraient facilement le respect de la papauté ou seraient amenés à penser que, si nous ne sommes pas d'accord avec les opinions personnelles de l'homme qui est le Pontife Romain, alors nous devons rompre la communion avec l'Église... » Ces personnes concluraient que si « l'Église » peut « changer d'avis » si facilement, elle ne doit pas être la véritable Église du Christ après tout.

Dans mon livre de diagnostic de la crise actuelle dans l'Église, je note que le grand théologien du Concile de Trente, Melchior Cano, a émis exactement le même point de vue que le Cardinal Burke : « Pierre n'a pas besoin de nos mensonges ou de nos flatteries. Ceux qui défendent aveuglément et sans discernement toute décision du Pontife Suprême sont ceux qui font le plus de tort pour miner l'autorité du Saint-Siège — ils détruisent au lieu de renforcer ses fondements ».

Or, si seulement François reconnaissait publiquement la distinction vitale entre chaque énoncé d'une part et, d'autre part, l'enseignement authentique (c'est-à-dire constant et ininterrompu) des Vicaires du Christ sur les questions de Foi et de morale. Pourtant, il est triste de dire qu'il maintient précisément l'erreur identifiée par le Cardinal Burke. Comme il l'a déclaré dans une interview publiée par le magazine Jésuite ultra-progressif America : « Je fais constamment des déclarations, je donne des homélies. C'est cela le magistère. C'est ce que je pense, pas ce que les médias disent que je pense. Vérifiez-le ; c'est très clair ».

Avec tout le respect qui est dû, « ce que je pense » et ce que le Magistère enseigne ne sont pas les mêmes. Ce n'est pas non plus « très clair » une honnête description d'Amoris Laetitia, de Laudato Si » ( remplis d'opinions flagrantes sur des questions telles que les omissions de CO2, l'utilisation de la climatisation et des réglementations environnementales ) et Evangelli gaudium, dans lequel François expose clairement sa « vision personnelle », ses espoirs et ses « rêves ». Sans parler des innombrables autres expressions de ce que François pense. Le simple fait que les vues personnelles d'un Pape apparaissent dans les quatre coins d'un document publié ne les font pas des déclarations du Vicaire du Christ. Le Vicaire du Christ ne se préoccupe pas des niveaux atmosphériques de dioxyde de carbone ni non plus le Vicaire du Christ, agissant précisément comme tel, n’a des « rêves » de « tout transformer » dans l'Église comme Evangelli Gaudium le considère (paragraphe. 27).

Encore une fois, cependant, les conséquences de l'abus de l'autorité pontificale en présentant de simples opinions comme si elles étaient l'enseignement authentique de l'Église ne peuvent pas être négligées, que le Pape parle strictement ou non en tant que Vicaire du Christ. Assez paradoxalement, par conséquent, le respect de la fonction que François occupe empêche le Catholique croyant de rejeter la notion que tout ce qu'il pense, même s'il apparaît dans un document formel, « est le magistère ». D’accepter cette notion serait en effet détruire plutôt que renforcer les fondements de la papauté. Et c'est précisément ce que l'Adversaire voudrait que nous fassions en saluant sa « bataille finale » contre l'Église : détruire les fondations de la papauté en transformant le Pape en un oracle infaillible dont toutes les opinions seraient contraignantes pour les fidèles, conduisant à un naufrage de la Foi.

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