mardi 29 août 2017

François invoque le Magistère
Ou l’a-t-il fait ? Ou le peut-il ?




Où sont les jeunes ?
À la Messe Latine, bien sûr !




par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Fatima Network Perspectives
Le 28 août 2017

Dans mes deux chroniques précédentes [ ici et ici ] , j'ai discuté de la distinction faite par le Cardinal Raymond Burke entre la personne du Pape, parlant à titre personnel et le Vicaire du Christ, parlant avec l'autorité de la Tradition, en continuité avec l'enseignement de tous ses prédécesseurs, j’ai développé le point que le Magistère Authentique, qui est la fonction d'enseignement de l'Église, ne peut pas contenir d'erreurs contre la Foi. Par conséquent, si un Pape égaré arrivait à prononcer une erreur contre la Foi (comme John XXII, par exemple), ça ne pourrait pas être un exercice du Magistère Authentique car la notion de « magistère faillible » est un non-sens.

L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

Que faut-il donc faire de la déclaration du Pape François le 24 août devant une conférence de liturgistes Italiens dans la salle d'audience Paul VI à l'occasion du 70e anniversaire du « Centre pour l'Action liturgique » Italien ? En parlant de la « réforme liturgique » mal définie à la suite du Concile Vatican II, François a déclaré : « Après ce long chemin, nous pouvons affirmer [possiamo affermare] avec sécurité et avec autorité magistérielle que la réforme liturgique est irréversible ».

Tout d'abord, « nous pouvons affirmer » n'est pas la même chose que la simple déclaration « nous affirmons ». En fait, il est impossible de dire d’après la version originale Italienne si le Pape était ici en train d'employer le temps du subjonctif italien, exprimant une simple possibilité ou un doute, car la forme verbale pour « nous pouvons » est la même pour le temps indicatif et le subjonctif du verbe italien potere : i.e. possiamo [nous pouvons].

Deuxièmement, qu'entend-on exactement par « la réforme liturgique » ? Serait-ce l'édition classique de la nouvelle Messe en Latin, employant le Canon Romain et les rubriques traditionnelles ? Ou est-ce que « la réforme liturgique » embrasse la pléthore de traductions vernaculaires, d’options et d’abus tolérés au cours des cinquante dernières années, y compris la Communion dans la main, qui a produit ce que le Cardinal Ratzinger a qualifié à juste titre d’« effondrement de la liturgie » ? Toute indication claire est absente de ce dont François parle exactement, sa remarque est essentiellement gratuite.

Troisièmement, la déclaration passive « on peut dire ... que la réforme liturgique est irréversible » — sans explication de ce que signifie « la réforme liturgique », peut difficilement se comparer avec la déclaration solennelle du Pape Saint Pie V dans sa Bulle papale Quo Primum ( 1570 ), qui commandait la standardisation universelle de la liturgie de l'Église Occidentale par l'adoption du Missel Romain (exceptions faites des usages locaux antérieurs d'au moins 200 ans même si ceux-ci étaient en continuité avec la forme de base de l'usage Romain, y compris le Canon Romain d'origine apostolique probable). Comme Pie V a déclaré :

« Et même par les dispositions des présentes et au nom de notre autorité apostolique, Nous concédons et accordons que ce même missel pourra être suivi en totalité dans la Messe chantée ou lue, dans quelque église que ce soit, sans aucun scrupule de conscience et sans encourir aucune punition, condamnation ou censure, et qu’on pourra valablement l’utiliser librement et licitement, et cela à perpétuité.

Et, d’une façon analogue, Nous avons décidé et déclarons que les supérieurs, administrateurs, chapelains et autres prêtres de quelque nom qu’ils seront désignés, ou les religieux de n’importe quel ordre, ne peuvent être tenus de célébrer la Messe autrement que nous l’avons fixée, et que jamais et en aucun temps qui que ce soit ne pourra les contraindre et les forcer à laisser ce missel ou à abroger la présente instruction ou la modifier, mais qu’elle demeurera toujours en vigueur et valide, dans toute sa force, nonobstant les décisions antérieures et les constitutions et ordonnances apostoliques du Saint-Siège…

Qu’absolument personne, donc, ne puisse déroger à cette page qui exprime Notre permission, Notre décision, Notre ordonnance, Notre commandement, Notre précepte, Notre concession, Notre indult, Notre déclaration, Notre décret et Notre interdiction, ou n’ose témérairement aller à l’encontre de ses dispositions.

« Si cependant quelqu’un se permettait une telle altération, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation de Dieu tout-puissant et de ses bienheureux Apôtres Pierre et Paul ».

François suggère-t-il que l'adjuration claire de Saint Pie V pour une normalisation irréversible de la liturgie Romaine fondée sur la Messe Latine Traditionnelle intégrée dans le Missel Romain tel qu'il existait en 1570 ( essentiellement identique à l'ordre de la Messe dans le Missel de 1962 ) est surpassée par sa simple et rapide remarque à savoir que « nous pouvons dire » que la « réforme liturgique » mal définie depuis Vatican II est « irréversible » ? Mais comment un Pape peut-il renverser la décision irréversible d'un prédécesseur qui déclare que sa propre décision est irréversible ? L'idée même fait une moquerie du véritable Magistère.

En fait, Quo Primum n'a jamais été renversé alors que la Nouvelle Messe a simplement été introduite à côté de la Messe Traditionnelle qui, comme l'a affirmé Benoît XVI dans Summorum Pontificum, n'a été « jamais abrogée » (abolie) par Paul VI et « en principe était toujours autorisée » contrairement à la fausse impression si soigneusement cultivée par les promoteurs bureaucratiques du pseudo-magistère qui ont affligé l'Église depuis le Concile — jusqu'à ce que Benoît XVI ait finalement ait mis en lumière la fraude en 2007.

Ce que nous avons ici, donc, est une autre tentative — si typique de l'époque post-conciliaire — de suggérer que « le Magistère » a décidé quelque chose qu'en fait il n'a pas décidé et qu’il ne pouvait pas décider.

D'une manière des plus ironique, dans la même allocution, le Pape François estime que la « réforme liturgique » représente « une liturgie vivante pour une Église vivante », faisant allusion au slogan du Centre pour l'Action liturgique. Mais, comme un de mes bons amis qui est actif dans le mouvement de la Messe Latine Traditionnelle, a observé, la nouvelle liturgie en général est devenue « une chose moribonde qui vide les églises ». En effet, il a de plus observé lors du rassemblement des membres du Centre d'Action liturgique sur la photo ci-dessus qu’il n'y a pas de jeunes.

Mais il y a de plus en plus de légions de jeunes qui assistent à l’Ancienne Messe, ce qui en réalité est l'avenir de l'Église, peu importe ce que François puisse penser du contraire. Car, comme Saint Augustin l'a dit de l'Église : Elle est « toujours ancienne et toujours nouvelle ».

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